«Tout Etat fait la politique de sa géographie », disait Napoléon. Depuis son indépendance, l’Etat tunisien a suivi ce précepte de bon sens. La Méditerranée est notre espace vital avec lequel nos échangeons et dialoguons. Notre histoire et notre peuple sont mêlés à ceux des pays de la Méditerranée, depuis Hannibal jusqu’à nos jours.
La politique touristique du pays n’a pas dévié de ce principe : nous sommes une destination moyen-courrier et nos principaux marchés sont à moins de trois heures de vol, sinon de voiture, comme c’est le cas pour nos voisins algériens et libyens.
Aujourd’hui, l’Etat nahdhaoui semble tout faire pour extraire la Tunisie de sa géographie et de son histoire afin de mieux servir des objectifs qu’il est le seul à connaître. Sinon, comment expliquer la détérioration de nos relations avec nos principaux partenaires et voisins que sont l’Algérie et la France – l’Algérie et la France qui sont aussi nos premiers marchés émetteurs de touristes ?
Cette détérioration coïncide avec l’entente nouvelle et, faut-il le préciser, inédite qu’affichent ces deux pays dans la lutte contre le djihadisme dans la région. Manifestement, un tel rapprochement contrarie nos gouvernants, dont les déclarations étaient plus amènes envers la France de Sarkozy alliée des Qatari ; ce même Sarkozy qui officie aujourd’hui en tant que lobbyiste du Qatar. Est-ce aussi le cas de nos dirigeants actuels ?
Si les entreprises du tourisme sont appelées à faire leur deuil du marché français et de la saison entière, ils ont au moins le droit de savoir la raison de ce sacrifice. Si, comme on dit, « les Etats n’ont pas d’amis, mais que des intérêts », il va falloir qu’on nous explique l’intérêt que nous avons à jouer les Don Quichotte avec les deux puissances régionales en Méditerranée, qui plus est, notre voisin direct auquel nous sommes liés par l’histoire et par le sang, et notre premier fournisseur, premier client et premier marché émetteur de touristes.
Si l’intention du prochain gouvernement est de changer les bases du tourisme tunisien en le réorientant vers la clientèle des pays du Golfe, qu’il nous explique comment ces marchés, qui avec 39 000 arrivées en 2012 détiennent le record de la plus forte baisse de l’année (-63% !), vont pouvoir remplacer les 3 millions de visiteurs européens.
Et si l’intention d’Ennahda est de convertir l’ensemble de la population qatari en touristes pour la Tunisie, qu’elle nous explique comment ces 350 000 touristes hallal suffiront à remplacer dans nos hôtels les 1,4 millions de Français et un million d’Algériens qui visitent chaque année notre pays.
Autrement, qu’ils nous épargnent les discours creux à la Kadhafi et les effets de manche.
Tourisme : qu’on nous explique !
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