Harcelé, épié, menacé de mort et enfin congédié, Soufiane Ben Farhat se résout à choisir l’ultime voie qui lui reste : la grève de la faim, qu’il a entamée hier mercredi 4 septembre dans les locaux de Shems FM.
« “Dégoutite” ; je suis dégouté, je veux en finir, je veux mourir » s’emporte-t-il devant ceux qui l’appellent à la sagesse. Licencié la semaine dernière de la télévision privée Nessma pour « irrévérence » envers un ministre d’Ennahda, il se voit cette fois congédié de la radio Shems FM, où il était le chroniqueur vedette, pour avoir commenté la nomination d’un cadre d’Ennahda, membre du Majless Choura du parti au pouvoir, à un poste à l’OACA (Office de l’aviation civile et des aéroports). Laquelle nomination a provoqué un mouvement de contestation du syndicat de base de l’OACA, et a mérité à ce titre l’intérêt des journalistes.
En fait, “la faute” de Soufiane Ben Farhat est de vouloir exercer son métier sous un régime et dans des media qui veulent “faire du journalisme sans journalistes”. Les présentateurs, les amuseurs publics et autres animateurs suffisent au bonheur de leur « dictature naissante », comme disait l’ancien chef de gouvernement, Hamadi Jebali, dans un lapsus révélateur.
La disparition de la chaîne Ettounsia, les poursuites contre le patron de la chaîne El Hiwar, les démissions forcées sur Nessma TV et sur certaines radios, relèvent toutes de cette stratégie d’Ennahda de faire le “vide médiatique” autour d’elle. L’honneur de Soufiane Ben Farhat est de faire face à cette stratégie. Notre devoir de Tunisiens est de le soutenir dans son combat.
LM
Soufiane Ben Farhat, le 4 septembre au soir, devant les locaux de ShemsFM où il a entamé sa grève de la faim.
Tahar Ben Hassine, patron de la chaîne El Hiwar, et de nombreux journalistes et personnalités étaient présents en soutien à Soufiane Ben Farhat.