Danse en Tunisie : un vent de liberté

« Créer, c’est résister.
Résister, c’est créer. »

(Stéphane Hessel)

“Je danserai malgré tout” sur la Place Halfaouine, par les danseurs d’Art Solution :
voiles et chaussons de danse, mezoued et arabesques…
Je-danserai-malgre-tout
et des passants qui restent interloqués pendant de longues minutes avant de se laisser gagner par le bonheur de la danse.

 

     Quand, en février dernier, le phénomène Harlem Shake s’est répandu comme une trainée de poudre dans les lycées et les universités de Tunisie, en dépit – ou à cause – des menaces de sanction du ministre de l’Education, on a bien senti que le langage du corps était une frontière à défendre. Alors que les interdits sur le corps refont surface, et que la liberté d’expression semble menacée, la danse est plus qu’un exutoire, c’est une manifestation de liberté.
L’année dernière déjà, quand des jeunes comédiens ont été empêchés par un groupe salafiste de donner une représentation sur les marches du Théâtre municipal de Tunis, Bahri Ben Yahmed et son groupe de danseurs de l’association Art Solution ont décidé de lancer leurs fameuses actions « Je danserai malgré tout ». Danser en pleine rue, sur les marches d’un ministère, au beau milieu d’un marché, et même dans le rassemblement spontané qui a suivi l’annonce du décès de Chokri Belaïd… Par ces performances-minute diffusées sur Internet, ils ne font pas que militer pour leur art ; ils réaffirment que l’espace public appartient à tout le monde. En même temps, ils recréent un lien avec le grand public dont on voudrait les couper. Art Solution a pris pour devise la phrase de Stéphane Hessel : « Créer, c’est résister. Résister, c’est créer »
Ce n’est pas la première fois que les danseurs sentent leur légitimité mise en cause. « La danse n’appartient pas à notre tradition arabo-musulmane », a dit un jour un ministre de la Culture de Ben Ali, qui flirtait déjà avec les idées conservatrices. Pourtant, la danse traditionnelle tunisienne n’a-t-elle pas montré qu’elle pouvait monter sur scène, dans les “cafés chantants” d’autrefois puis dans les chorégraphies de la Troupe Nationale des Arts Populaires, qui lui a donné ses lettres de noblesse dans les années 1970 ? Et comment ignorer que, depuis longtemps déjà, les jeunes Tunisiens grandis au mezoued vibrent à des danses venues d’ailleurs, des déhanchements de James Brown à la breakdance d’aujourd’hui ?

Nawel-Skandrani-Boukrime   Harlem-Shake-IHEC

Bien plus, la Tunisie a été un pays précurseur dans le monde arabe pour la danse moderne. Celle-ci s’y est développée dès le milieu des années 1980. Très vite, le Sybel Ballet Théâtre de Syhem Belkhodja tournait à travers la Tunisie, et toute une génération de danseurs émergeait : Nawel Skandrani, Imed Jemâa, Imen Smaoui, Malek Sebaï, Sondos Belhassen…
Parmi cette génération, certains avaient fait leurs premiers entrechats au Conservatoire de musique et de danse de Tunis. Syhem Belkhodja raconte que sa vocation est née des soirées dansantes organisées dans le salon familial, et des “Journées des écoles de danse” que Dorra Bouzid avait imposées dans les grands festivals d’été. Elle se souvient que dans les années 1970, des stars de la danse moderne se produisaient au Festival des Arts de Tunis, dans l’ancienne Cité des Arts du Belvédère. En 2002, elle a lancé un grand festival international qui a fait venir en Tunisie des danseurs de renommée mondiale. Quelques années plus tard, c’est Raja Ben Ammar qui créait les Journées de la danse contemporaine pour offrir un nouvel espace à la création tunisienne.
La danse contemporaine, déconnectée de notre tradition ? Dans les années 2000, Sondos Belhassen et Malek Sebaï faisaient un retour aux sources en interrogeant la légende de Zina et Aziza, les célèbres danseuses de l’ère Bourguiba. Deux autres danseurs contemporains, Selma et son frère Sofiane Ouissi, lançaient la biennale Dream City : en pleine Médina de Tunis, les arts vivants et les installations dialoguaient avec des lieux chargés d’histoire. Plusieurs spectacles récents rendent hommage aux danses appartenant à notre patrimoine : “Khira w Rochdi” de Malek Sebaï, “Transes” de Rochdi Belgasmi, ou encore “Dyéri” d’Imed Jemaâ, qui revisite les danses afro-tunisiennes du Stambali.
Pendant ce temps, l’Etat ne s’est guère engagé pour soutenir les danseurs. Il a bien créé un Ballet National et une école de danse au début des années 1990, mais ces institutions ont vite périclité. Ensuite, la montée en puissance du conservatisme religieux et le poids du régime politique se sont coalisés pour freiner l’élan initial. Tandis que dans les quartiers déshérités, le hip-hop se développait comme une forme de résistance.
Ces années ont laissé un goût amer. Aux jeunes qui se vantent d’avoir accompli la Révolution, Syhem Belkhodja répond aujourd’hui que la force qui leur a permis de renverser le régime leur a été donnée par leurs parents : ils leur ont créé un environnement protégé tandis qu’eux-mêmes, à l’extérieur, étaient obligés de baisser la tête. Nawel Skandrani a raconté, dans un spectacle en forme de catharsis, ses peurs, ses hontes et ses petites victoires contre les empiètements du régime.
Entretemps, des jeunes danseurs parmi les meilleurs se sont installés à l’étranger, intégrant parfois des compagnies réputées. Nawel Skandrani se désole d’avoir vu partir toute une génération qu’elle a contribué à former – Hafiz Dhaou, Aïcha M’Barek, Ahmed Khemis, Seïfeddine Manaï, Lamia Boudhief… Sa consolation est de voir certains revenir, comme Larbi Namouchi qui participera à son prochain spectacle ; sinon, dit-elle, « qui va mener la bataille ? ».

Guillemette Mansour

« Je ne croirai qu’en un Dieu
qui saurait danser »

(Nietsche)


Nawel Skandrani

Danser pour raconter

Nawel-Skandrani

Nawel Skandrani est volubile, passionnée, engagée et a une foule d’expériences à raconter. Au départ de ses chorégraphies, dit-elle, il y a toujours une histoire. Et souvent un message politique. C’est ainsi que sa nouvelle création, qui fera l’ouverture du Festival de Hammamet, parlera de l’eau en tant qu’enjeu écologique et arme politique ; notamment en Palestine où tout un territoire peut être privé d’eau courante par la seule volonté de l’occupant.
Son style n’est pourtant pas bavard mais épuré, fluide, tout de grâce et de force intérieure. Ayant d’abord mené une carrière de danseuse classique, aux Etats-Unis et en Europe, Nawel en a gardé la légèreté, la politesse des gestes qui vont à l’essentiel. Et aussi, justement, ce besoin de raconter quelque chose en dansant puisque les ballets classiques, du Lac des cygnes à Casse-Noisette, sont toujours basés sur une histoire.
Des histoires, il y avait plein son dernier spectacle créé en mars 2011. Un spectacle atypique mis au point en dix jours dans l’effervescence de la Révolution, entre danse et stand-up, témoignage d’une artiste qui a refusé de mettre le doigt dans l’engrenage du système Ben Ali. Une somme d’expériences vécues, d’anecdotes savoureuses ou glaçantes, parlées et “mises en danse” – comme on dirait mises en musique. Les cadres de son ministère de tutelle – elle dirigeait à l’époque le Ballet National de Tunisie – qui la convoquaient pour lui remettre la carte du RCD qu’elle n’avait jamais demandée, ou pour signer des appels à soutenir le candidat-président. Et même ce ministre de la Culture qui lui proposa, après qu’elle eut démissionné du Ballet National, de la recaser à la tête de… l’orchestre symphonique ! Son titre en forme de jeu de mots : “ARTcè/seuLement”, autrement dit “l’art seulement” face au harcèlement.
Le théâtre n’est jamais loin dans le travail de Nawel Skandrani. C’est par le théâtre (et avec des gens de théâtre comme Mohamed Driss, Taoufik Jebali, Fadhel Jaïbi, Raja Ben Ammar) qu’elle est venue à la danse contemporaine, sans renier pour autant sa formation classique. Dans ses spectacles, les autres formes d’expression se mêlent toujours à la danse : « Je n’ai pas de barrières et je n’aime pas les chapelles. Malheureusement, il existe en Tunisie une tendance à vouloir fractionner la société – peut-être un héritage tribal – et à être réfractaire à ce qui vient d’ailleurs. On le voit en politique, Ennahda joue beaucoup sur cette tendance. »
Quant à sa démission du Ballet National qu’elle avait elle-même créé (et qui a disparu peu après), cela reste un déchirement. En quatre ans, de 1992 à 1996, elle avait pourtant semé quelque chose, présenté treize créations de chorégraphes tunisiens et étrangers, suscité un public… Récemment encore, un employé de la douane l’a reconnue et s’est souvenu de ses spectacles auxquels il emmenait régulièrement ses enfants.
C’est pour d’autres enfants qu’elle a animé l’été dernier des journées d’initiation à la danse et au théâtre, dans une ancienne ferme où elle organise d’habitude des stages de danse. Au village de Boukrime, non loin d’El Haouaria, un endroit où le parti en tête lors des élections de 2011 était… Hezb Tahrir ! Elle a pu mesurer la misère matérielle et culturelle de ces enfants qui ignorent tout du monde extérieur, à qui personne n’a jamais demandé de s’exprimer ou de rêver leur avenir. Un succès qu’elle compte bien réitérer, malgré l’hostilité des salafistes locaux. Pour que ces enfants, à leur tour, racontent d’autres histoires…

 


Syhem Belkhodja

« Je voulais que toute la Tunisie danse »

Syhem-Belkhodja-Danse

Si la danse était un parti politique, Syhem Belkhodja en serait sans doute la militante la plus déterminée et la plus efficace. Tout a commencé au milieu des années 1980. Initiée à la danse moderne par de multiples stages aux Etats-Unis et en Europe, Syhem, toute jeune encore, animait une émission sur la danse à la télévision ; juste pour familiariser le grand public avec cet art, et lutter contre les clichés selon lesquels les danseurs seraient des homosexuels et des prostituées. En même temps, elle créait une école de danse et un ballet, le Sybel Ballet Théâtre, qui allait se produire gratuitement à travers tout le pays. « J’aurais pu faire une compagnie avec deux ou trois dates par an, pour un public de quelques centaines de personnes ; mais à cette époque, je voulais que toute la Tunisie danse. Nous avions des publics de 2000 personnes par spectacle même dans les régions. »
Puis il y a eu le lancement des Rencontres Chorégraphiques de Carthage, en 2002. « C’était ma réponse au 11 Septembre », dit-elle, et l’effet d’une prise de conscience : l’obscurantisme faisait son chemin, et même le public de ses spectacles n’était plus mixte comme aux débuts ; subrepticement, il devenait exclusivement masculin. Il fallait sortir par le haut, et pour cela inviter à Tunis des compagnies internationales. « Aujourd’hui, la danse a un public, plus même que le théâtre. » Elle est fière des écoles de danse de son association Ness El Fen, qui accueillent gratuitement 1200 jeunes de tous les milieux, et de son école supérieure d’El Omrane, le Centre Méditerranéen de Danse Contemporaine. De nombreux danseurs sont passés par sa compagnie ; certains font carrière à l’étranger, parfois dans des compagnies prestigieuses – Ahmed Khemis au ballet d’Akram Khan à Londres, Mohamed Toukabri à la compagnie de SIdi Larbi Charkaoui à Anvers, Kaïs Chouibi, Hafiz Dhaou et Aïcha M’Barek…
Depuis deux ans, tout a changé. Les tournées de sa compagnie dans les régions ont été annulées : pour des raisons de sécurité, disent les responsables des salles, qui préfèrent programmer les spectacles de hip-hop exclusivement masculins (dans quel monde vivons-nous pour qu’un spectacle de danse contemporaine soit jugé plus dangereux qu’une compétition de breakdance ?)
Autrefois, les jeunes hommes hésitaient souvent à faire carrière dans la danse ; aujourd’hui, ce sont les filles.
Mais Syhem Belkhodja n’a pas dit son dernier mot. Depuis l’an dernier, son festival a changé de nom et s’appelle “Tunis Capitale de la Danse” : c’est arrogant, dit-elle avec un clin d’œil, mais c’est une manière de l’imposer face aux pouvoirs publics. Pour rallier le grand public à la cause de la danse, elle voulait y introduire cette année des troupes issues des régions de l’intérieur, du tango et des danses de salon… Enfin, elle lance un appel aux danseurs de sa génération, qui participaient autrefois au festival, à oublier les querelles d’ego et à « être ensemble face à l’obscurantisme ».
Devoir ainsi militer de nouveau, trente ans après, n’est-ce pas décourageant ? « C’est la même chose que pour les droits des femmes : on s’aperçoit que rien n’est acquis. Mais je suis prête à reprendre à zéro tout ce que j’ai fait. »


Malek Sebaï

A la recherche de la danse perdue

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Est-ce sa solide formation de danseuse classique qui la prédispose à faire le grand écart ? Depuis six ans, Malek Sebaï cultive l’exact opposé de la danse de ballet  de ses débuts, en se plongeant dans la (re)découverte de la danse populaire tunisienne. Cela a commencé avec une série de duos, avec sa complice Sondos Belhassen, en hommage à Zina et Aziza, les inséparables stars de la danse traditionnelle des années 1970 dont les noms sont passés en proverbe. Et cela continue depuis l’an dernier avec la chorégraphie “Khira wu Rochdi”, dans laquelle elle a réuni deux danseurs que tout semble opposer : la jeune vedette de la danse contemporaine Rochdi Belgasmi, et une célèbre figure de la danse traditionnelle, Khira Oubeidallah, qui a été maîtresse de ballet dans la Troupe Nationale des Arts Populaires de la grande époque.
« En effectuant un stage avec Khira il y a quelques années, j’ai découvert la richesse, la force physique, le côté exutoire de cette danse. Une danse qui puise son énergie du sol, qui utilise la pulsation ; un peu comme une danse de transe, mais tout en étant très codifiée. » Tout le contraire de la danse classique occidentale qui recherche l’illusion de la légèreté, de l’apesanteur. Depuis quinze ans qu’elle vit en Tunisie, après une première carrière à travers l’Europe et les Etats-Unis, Malek cherche, dit-elle, à « déconstruire le classique ».
Malgré cette démarche théorique, on ne s’ennuie pas aux spectacles de Malek Sebaï. Lorsqu’avec Sondos Belhassen elle a cherché à faire revivre Zina et Aziza, elles se sont créé deux personnages fictifs, “Manel w Sawssen”, et ont joué sans modération avec les clichés, le côté surfait des deux danseuses mythiques, happées par la célébrité et la propagande au point d’y perdre un peu de leur âme.
Manel et Sawssen, c’étaient un peu les doubles de Malek et Sondos, leurs fantômes : en réalité, il s’agit des prénoms dont les gens les affublent régulièrement par erreur ! Dans une autre version du duo, elles ont fait revivre la complicité et les tensions entre ces deux sœurs fusionnelles, irrémédiablement liées par la danse – leur plus célèbre figure n’était-elle pas une image de “siamoises”, pivotant sur elles-mêmes avec leurs deux têtes accolées ? Une histoire universelle, racontée avec tendresse et humour.
Quant au mythe, Malek et Sondos ont pu constater que, des décennies après, il est toujours vivant. Alors qu’elles participaient à une émission télévisée, des personnes dans l’assistance, voyant arriver deux danseuses, et avant même de connaître le thème de leur prestation, se sont écrié : Zina et Aziza !
Pour le duo “Khira wu Rochdi”, Malek Sebaï s’est adressée à une référence de la danse tunisienne, Khira Oubeidallah. « Faire monter de nouveau sur scène cette femme de plus de soixante ans était un message fort pour dire qu’à tout âge, la vie est pleine de surprises. » Khira l’a impressionnée par son énergie, sa joie de vivre et sa capacité de travail. Boutonnée jusqu’au cou, fichu sur la tête, prestance à l’ancienne… En face, Malek a placé Rochdi Belgasmi, jeune surdoué de la danse, télégénique et survolté… Une rencontre improbable.
Pourtant, Rochdi et Khira se sont trouvé un terrain commun. « Ils se sont aperçus qu’ils avaient des référents populaires auxquels ils tenaient ». Au-delà de la danse standardisée pratiquée dans la Troupe Nationale, tous deux retrouvaient des gestes ancestraux, des gestes du temps où la danse accompagnait les étapes de la vie des communautés – les mariages, les saisons, les récoltes… Malek a laissé opérer cette remontée d’un “inconscient collectif” méconnu, mais toujours vivant. Et en a fait un spectacle où « tout est tiré d’un référent traditionnel », et où les barrières entre le public et les danseurs s’effacent, comme dans les anciens “cafés chantants”.
Résultat, un duo qui ne ressemble pas à une chorégraphie, mais plutôt à la rencontre jubilatoire de deux êtres qui, à deux générations de distance, puisent dans les mêmes racines de la Tunisie profonde.

« Une révolution sans danse,
c’est une révolution inutile »
(V pour Vendetta)


Hamdi Dridi

« Danser, c’est être béni »

Hamdi-Dridi

“Egale”, solo de Hamdi Dridi composé en France au moment de la Révolution. Un homme en plein questionnement, comme embarrassé de ses bras, entrainé par des élans fulgurants…

Hamdi Dridi n’est pas vraiment à l’aise avec les mots. « Ce qu’on n’arrive pas à dire en mots, on peut le dire par le corps », avoue-t-il. Ce sont pourtant des mots qui lui ont inspiré sa première chorégraphie, un solo intitulé “Egale”. Et pas n’importe quels mots : les célèbres paroles de Hamlet, « Être ou ne pas être… ».
L’idée en a germé pendant son année de formation en France, en 2011. Une licence professionnelle décrochée grâce à son diplôme du CMDC de Tunis, avec, au programme, de la danse, du chant, du théâtre… En même temps, au loin, il y avait la Révolution qui bouleversait tout. Cette rencontre avec les textes a ouvert des horizons insoupçonnés à ce fils d’un quartier populaire de Tunis, venu à la danse par le hip-hop, et qui avait abandonné ses études avant le bac.
Être ou ne pas être danseur, c’est au moins une question que Hamdi Dridi ne se pose plus. Pendant ses années de galère, après le lycée, la danse lui est apparue comme une planche de salut. « Je me rends compte qu’on est bénis d’être danseurs. »
Hamdi est rentré en Tunisie. Mais aujourd’hui, il y a l’angoisse d’une révolution qui n’a pas tenu ses promesses, la liberté d’expression menacée… A vingt-quatre ans, son seul désir est de repartir et étudier encore, « afin d’avoir un background théorique pour affronter les gens qui veulent déstabiliser l’art ».

Rendez-vous-danse




François Berléand a fêté son anniversaire au Radisson Blu Djerba

“L’Escapade des Stars” qui s’est déroulée du 18 au 21 avril, était la deuxième édition au Radisson Blu Resort & Thalasso de cette opération organisée par “Le Spa des Stars” de Martine Vidal (photo ci-dessus).

Etaient présents François Berléand (Le Transporteur, Le Siffleur, L’Ivresse du pouvoir…), son ami Patrick Braoudé, qui jouait justement dans un téléfilm diffusé la même semaine sur France 2 le rôle de François Hollande, ainsi qu’Elie Semoun, Edouard Montoute, l’acteur et chanteur Sean Hutchinson, Shirley Bousquet, Lola Dewaere, Kevyn Diana, Reem Kherici, Sofiia Manousha, Euzhan Palcy et Jules Sitruk. Le voyage des invités a été assuré par Royal First Travel et Syphax Airlines.

François Berléand a bien profité de ces quelques jours de vacances à Djerba avec ses deux petites filles et sa compagne, la comédienne Alexia Stresi. Son anniversaire lui a même été fêté, avec quelques jours d’avance. Détendu et visiblement heureux d’être là, l’acteur s’est prêté volontiers au jeu des interviews. « Les infos qu’on entend sur la Tunisie, ça ne me choque pas, ça ne me fait pas peur. Quand je viens dans un hôtel, je ne vois pas ce qui peut m’arriver », nous a-t-il confié. Tout en espérant que la Tunisie, où il a joué comme acteur dès 1976, ne quitte pas le petit groupe des pays laïques dans le monde. « Je me souviens d’avoir été frappé, la première fois que je suis venu en Tunisie, de voir des femmes presque en mini-jupe, c’était très “européen” pour la situation des femmes. »

Avec cette opération, les professionnels du tourisme montrent qu’ils sont prêts à se prendre en charge et à œuvrer avec succès pour la promotion de la destination.

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François Berléand en séjour au Radisson Blu. Ci-dessus, de gauche à droite: René Trabelsi (Royal First Travel), Mohamed Frikha (Syphax Airlines), Christian Antoine (Radisson Blu Resort & Thalasso, Djerba) et le groupe d’invités de “L’Escapade des stars” (photos MCM).

 

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De gauche à droite: Lola Dewaere, Elie Semoun, Kevyn Diana, Patrick Braoudé, Shirley Bousquet. Ci-dessous : François Berléand, Edouard Montoute, Shirley Bousquet.

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Une soirée “pour la Tunisie qu’on aime”

Guy Bedos et Lotfi Abdelli se produiront au Théâtre Municipal le 6 mai pour défendre “la Tunisie qu’on aime”. “Pour la Tunisie qu’on aime”, c’est le nom de l’initiative lancée par Michel Taube. Elle prévoit des événements de soutien à la Tunisie ainsi qu’un fonds pour les associations de la société civile « qui entreprennent des projets concrets en faveur de la gouvernance démocratique ou qui répondent à l’urgence sociale la plus criante »
(voir aussi www.pourlatunisiequonaime.org, renseignements : contact@pourlatunisiequonaime.org).

Outre la soirée du Théâtre Municipal, une soirée se tiendra à l’Olympia de Paris le 10 juin avec encore Guy Bedos et Lotfi Abdelli ainsi que de nombreux autres artistes.

Militant des droits de l’homme – son association “Ensemble contre la peine de mort” s’est mobilisée notamment contre la peine de mort aux Etats-Unis –, Michel Taube a lancé récemment le journal en ligne “Opinion internationale”.

La liste des premiers parrains de ce projet est des plus éclectique : Guy Bedos, Lotfi Abdelli, Hejer Bourguiba, Yadh Ben Achour, Mehdi Houas, Serge Moati. Un peu à l’image de cette “Tunisie qu’on aime” qui sera, nous explique Michel Taube, celle de tous les Tunisiens et amis de la Tunisie réunis autour des valeurs de la Révolution : liberté, justice et dignité.




REWE Touristik laisse la place à DER Touristik

Depuis le 12 avril, toutes les activités de tourisme du groupe REWE sont placées sous la marque ombrelle DER Touristik. Le groupe conserve ses six tour-operators ITS, Jahn Reisen, Tjaereborg, Dertour, Meier’s Weltreisen et ADAC Reisen, qui opéreront sous la nouvelle marque  DER Touristik. REWE Touristik deviendra DER Touristik Köln.

En 2012, la division tourisme toute entière a accompli sa meilleure année dans l’histoire de la compagnie avec un chiffre d’affaires de 4,7 milliards d’euros et plus de 6 millions de clients.

La nouvelle DER Touristik continue d’appartenir au groupe REWE en étant son deuxième pôle d’activité.




Nouvelair s’adapte, mais ne change pas

L’ouverture récente de lignes régulières par Nouvelair n’est pas une décision d’opportunité ; elle vise à sauvegarder son statut de compagnie “loisirs” au service du tourisme. Ce statut ne pouvait perdurer qu’au moyen d’une adaptation à une double nouvelle donne du marché : la mise à mal du modèle économique des compagnies purement charter, et l’arrivée annoncée des compagnies low-cost en Tunisie.

En effet, la tendance chez les TO, perceptible depuis quelque temps, est de se décharger du risque aérien. Une tendance confirmée récemment par Marmara, principal partenaire de Nouvelair en France, à diminuer non pas son activité sur la Tunisie mais ses engagements aériens. Nouvelair se devait donc de réagir pour maintenir ses vols, en les convertissant sur le régulier.

D’autre part, l’ouverture prévue en 2016 du ciel tunisien s’annonce comme le plus grand défi pour Nouvelair, puisque les compagnies low-cost puiseront dans sa clientèle habituelle de touristes et Tunisiens résidents à l’étranger (TRE). Nouvelair se met donc à l’heure du low-cost, mais sans en faire un modèle absolu…

C’est le détail de cette stratégie et son déploiement dans les prochains mois que nous explique Chokri Zarrad, DGA de Nouvelair, dans un entretien que vous lirez dans le prochain numéro du magazine Le Tourisme.

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Chokri Zarrad (à droite), DGA de Nouvelair et Karim Dahmani, désormais Directeur Central Régulier et Charter, sous l’œil bienveillant de feu Aziz Miled.

 




Un parc aquatique à Monastir

Adossé à l’hôtel Skanès Sérail de Monastir, le parc aquatique “AquaPark SpongeBob” consistera en deux hectares de jeux gonflables – toboggan géant, piscine d’eau de mer avec toboggans et jeux, parc d’animation en mer (photo), jeux pour tout petits… auxquels s’ajouteront une plage aménagée, un food court et des vestiaires. Il ouvrira au public en mai prochain.




D’un salon à l’autre

Au Salon Mondial du Tourisme à Paris (photo 1), du 21 au 24 mars, on était déçu de ne pas voir le nouveau stand de la Tunisie mais une version bricolée d’un stand “à la Sidi Bou”. Au Salon du Golf à Paris (photo 2), du 22 au 24 mars, le stand était beau mais il manquait la documentation…

Salon-Mondial-Paris
…Et on est resté abasourdi à la visite du Village Chambres d’hôtes et Gîtes au sein du SMT, où l’ONTT avait consenti un stand pour nos maisons d’hôtes (photos 3) : l’association Edhiafa et son président Sehl Zargouni ont décidé de le boycotter, pour cause, semble-t-il, de présence d’un autre regroupement d’hôtels et resorts de charme tunisiens (Dar Tunisia). Heureusement, la présence des maisons d’hôtes tunisiennes a été assurée par deux “dissidents” : Dar Sabri, de Nabeul, et Amphora Menzel, de Djerba.

Salon-golf-Paris

Enfin, à l’ITB (photos 4) on s’est réjoui des belles tenues aux couleurs gaies des hôtesses du stand tunisien, et même, du beau Spécial ITB en allemand réalisé par Le Tourisme !

Salon-ITB




Levée des restrictions de voyage

Le ministère ukrainien des Affaires étrangères vient d’annoncer la levée de ses restrictions de voyage sur la Tunisie suite à l’amélioration des conditions de sécurité et de stabilité (rappelons que la Tunisie a accueilli 28 000 Ukrainiens en 2012 sur un total de 1,4 millions de voyages organisés des Ukrainiens). En attendant la levée des restrictions sur le Sud tunisien de la part de la France…




Spa et thalasso : la marque Algotherm représentée en Tunisie

La société Ulysse Négoce, qui représente notamment en Tunisie la marque Decléor, est désormais importatrice des produits de cosmétiques marins de la marque Algotherm et formatrice pour ses protocoles de soins. Mieux, elle aidera ses partenaires à recréer dans leur centre l’univers de la marque, et pourra leur proposer, en contact avec la maison mère, de mettre au point avec eux des rituels de soin sur mesure. La société a assuré des formations aux soins Decléor pour de nombreux spas, centres de thalasso et instituts de beauté en Tunisie. Ses autres marques sont Mavala (pédicure-manucure), Leonor Greyl (soins capillaires) et La Prairie (présente dans seulement 38 spas dans le monde, dont l’Athénée Thalasso & Spa Djerba).




Les TO tunisiens en France : leur diagnostic, leurs solutions

S’il n’y avait qu’un reproche à faire au tourisme tunisien, ce serait de n’avoir suscité que peu de vocations dans le tour-operating. Contrairement à nos concurrents comme la Turquie, dont les principaux TO dans de nombreux marchés sont d’origine turque, et malgré quelques succès, les TO tunisiens ne sont pas légion. Ceci explique peut-être que la Turquie reçoive aujourd’hui plus de trente millions de touristes et que nous n’en recevions que six.
Le marché français est assez symptomatique de cette faiblesse tunisienne. En effet, il y a quelques décennies, l’atomisation du tour-operating français et notre proximité linguistique et culturelle avec ce pays pouvaient laisser prévoir l’émergence de TO tunisiens capables de s’accaparer une grande part du flux touristique vers la Tunisie et de le développer.

Pourtant, après des lancements réussis dans les années 80 et 90, où des TO tunisiens comme Republic Tours ou Couleurs Locales ont pu un temps rivaliser avec les grands, ces TO disparaissaient au moment même où montait le TO turc Etapes Nouvelles, devenu en l’espace de quelques années leader sur la Tunisie. Manque de vision, d’appui financier ou simplement de volonté, les acteurs du tourisme tunisien ont toujours préféré l’investissement dans le béton plutôt que le contrôle de leurs marchés. Aujourd’hui, la Tunisie touristique tremble aux menaces de son premier fournisseur sur le marché français, Marmara (encore un TO turc, même s’il a été racheté par le groupe allemand TUI) de « lever le pied » sur la destination pour cause de « Printemps arabe ».
Dans ce contexte, la douzaine de TO tunisiens qui résistent encore sur le marché français et en accaparent près du quart du volume total n’en ont que plus de mérite.
Nous avons réuni à Paris quelques-uns d’entre eux, ainsi que les représentants de l’ONTT, Tunisair et Syphax Airlines, pour un diagnostic de la situation sur le marché français et une esquisse de solutions pour sortir de la crise actuelle.

Table-ronde-TO

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LeTourisme-logo
En plus de votre analyse de la situation du marché et des solutions que vous pouvez proposer, j’aimerais aussi connaître votre avis sur le rôle que vous pouvez jouer en tant que Tunisiens dans cette phase difficile pour la destination. En particulier, qu’attendez-vous de l’Administration et de vos partenaires tunisiens pour y arriver ? Concernant le soutien qui pourrait vous être apporté, un responsable de l’ONTT m’a répondu il y a quelques mois : « Ils sont trop petits pour qu’on puisse les aider ». N’a-t-il pas raison quand on sait qu’à ce jour vous n’avez pas tenté de vous rassembler, ne serait-ce que sous la forme d’une fédération des TO tunisiens ?


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Mourad Kallel, 
Gamma Travel
Aujourd’hui, tous les comités d’entreprises, toutes les mairies éliminent la Tunisie de leurs projets de voyages. Personne ne peut prendre le risque de recommander la destination. Il ne faut pas oublier que les groupes représentaient 25% à 30% du marché français, et aujourd’hui il n’y a plus de groupes ; ce segment a complètement disparu.

Plus grave encore, on risque de ne plus retrouver le niveau et les chiffres du marché français pour longtemps, car les deux plus grands TO (TUI et Thomas Cook, ndlr) se sont retirés de la destination et sont allés prendre des risques ailleurs.
Comment reprendre ? On parlera de reprise dès qu’il n’y aura plus de barbelés devant le ministère de l’Intérieur et devant l’ambassade de France. C’est là, et seulement là, qu’on repartira à la conquête du marché. S’il y a la sécurité, tout le reste suivra. Pour ce qui de la communication, je ne crois pas à l’efficacité de la pub classique, il faut opter pour de grands évènements avec de grandes vedettes. Car il faut être conscient que nous sommes aussi handicapés depuis le 14 Janvier par la réticence des personnalités et des journalistes à accepter des invitations à venir en Tunisie, vu le traitement qu’on a réservé à tous ceux qui acceptaient ces invitations du temps de Ben Ali. La preuve : depuis deux ans, a-t-on vu une seule personnalité française ou une star du show biz passer ses vacances personnelles en Tunisie ?
Alors de quoi parle-t-on aujourd’hui ? Peut-être qu’il n’est question que de sauver la haute saison pour pouvoir ensuite écrire dans les journaux tunisiens que le tourisme va bien. En oubliant que les mois de juillet et d’août ne suffisent à couvrir ni les frais des hôteliers, ni ceux des TO, ni ceux des compagnies aériennes.


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Samia Benslimane, 
Thalasso N°1 (Directrice des opérations)
Il me semble qu’on a un problème entre nous, Tunisiens, comme si le Tunisien n’était pas légitime et devait se justifier tout le temps, même quand il réussit. Nous avons été les premiers à interpeler les gouvernements d’après le 14 Janvier pour qu’ils fassent appel aux forces vives tunisiennes à l’étranger. Ce qu’on constate, c’est que le nombre de ces Tunisiens diminue jour après jour. Si l’Administration suppose que nous sommes trop petits pour être aidés, quel résultat obtient-on avec les grands TO étrangers ? Ces TO-là sont en train de dire à la Tunisie : « Au revoir ! Merci pour l’argent qu’on gagné avec vous, puisque vous étiez notre vache à lait pendant des années, mais maintenant on vous quitte ». Pour notre part, nous n’avons jamais été un TO mono-destination mais nous nous investissons davantage sur la Tunisie. Et quand nous faisions 90 000 clients sur la Tunisie avant la Révolution, personne n’est venu nous féliciter ; bien au contraire, on s’étonnait de ce résultat.

Il faut donc cesser d’être schizophrène. Les TO tunisiens sont peut-être petits et moyens mais ce sont des ambassadeurs de leur pays et des vecteurs de communication. Il s’agit alors de raisonner en termes de retour sur investissement : que coûte le TO tunisien et que rapporte-t-il ?
On avait proposé depuis quelque temps un contrat où chacun de nous s’engagerait sur un objectif en termes de clients. C’est ce type d’accord que nous passons avec d’autres destinations, mais que nous n’avons pas avec notre propre pays. Je pense que le temps est venu d’agir et de ne pas se contenter de paroles.
Par ailleurs, avant d’en arriver à convaincre les touristes français, il faudrait qu’on sache si chez nous on veut du tourisme. En France, on ne reçoit que les images de la minorité de Tunisiens qui disent : « La France dégage ». On n’a pas l’image des autres Tunisiens qui veulent des touristes. Si les Tunisiens veulent des touristes, il faut qu’ils le disent et qu’ils le communiquent. Pourquoi ne ferait-on pas une campagne avec un panel large de Tunisiens qui expriment leur attachement au tourisme ?

 

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Hakim Tounsi, 
Authentique
L’année en cours et la précédente sont dans la continuité de 2011, on est en forte baisse. Pour cette année, l’hiver et Pâques sont mauvais et les premières indications pour l’été le sont aussi. Les opérateurs ne semblent pas disposés à prendre des risques sur la Tunisie en termes de programmation aérienne notamment.

La sortie de crise est tributaire de trois préalables qui ne dépendent pas de nous, à savoir la sécurité, la propreté et la situation financière dégradée des hôtels. Concernant la sécurité, le problème est essentiellement politique et concerne aussi bien la sécurité à l’intérieur du pays qu’à ses frontières. Avec un tel problème, la communication touristique n’a plus de sens, l’actualité sécuritaire prend le dessus dans la presse. Dans ce contexte, le rôle des décideurs politiques est primordial, toute reprise du marché passe par le règlement du problème sécuritaire. A cet égard, il faut que notre gouvernement négocie au plus vite avec le gouvernement français pour lever l’interdiction de voyage émise pour le Sud tunisien par le ministère des Affaires étrangères.
Le deuxième préalable à une reprise du marché est la propreté de nos villes. Ce problème a plombé le peu de trafic que nous avons pu générer sur la Tunisie l’année dernière, et nous avons reçu de nombreuses réclamations. Enfin, la dégradation de la situation financière des hôtels a des répercussions directes sur le traitement qu’ils sont susceptibles de réserver à nos clients. Il faudrait distinguer le problème de l’endettement ancien des hôtels, dont le règlement pourrait être envisagé ultérieurement, et le problème conjoncturel engendré par la crise actuelle, qui nécessite un traitement d’urgence pour soutenir les hôteliers – à l’image des plans de soutien en cas de catastrophe naturelle.
Sur la question du rassemblement des TO tunisiens, nous avons déjà finalisé un projet d’association de TO. Il n’attend pour voir le jour qu’un accord sur la répartition des responsabilités entre nous. Nous attendons aujourd’hui plus de transparence de la part d’Ennahda et de son gouvernement. Qu’ils nous présentent clairement leur programme économique et le volet qui concerne le secteur du tourisme, pour qu’on sache ce qu’ils veulent exactement et qu’on puisse se positionner. S’il ne veulent plus du tourisme, il sera temps pour nous d’aller commercialiser d’autres destinations.
Le programme qu’on nous a présenté jusque-là est celui laissé par Ben Ali. Or du temps de Ben Ali, on a fait de nombreuses études et on a financé de nombreux programmes pour développer le tourisme arabe ; en vain.


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Sadreddine Essid, 
Odegam et voyagetunisie.com
Ce qui me frappe dans ces réunions de TO tunisiens en France, c’est que le nombre de participants n’a cessé de diminuer d’année en année à cause des faillites successives intervenues au fil des ans. Dans cinq ans, nous ne serons plus que deux ou trois.

En ce qui concerne mes deux marques, le début de l’année était correct, avec des commandes égales à 2012, jusqu’à l’assassinat de Chokri Belaïd. Les réservations ont alors été réduites à zéro pendant plusieurs jours. Aujourd’hui, la reprise est très difficile. Les réseaux de distribution chez qui nous vendons les produits Odegam nous disent qu’ils n’osent plus proposer la Tunisie à leurs clients pour ne pas les faire fuir. Pour ce qui est de voyagetunisie.com qui vend des packages dynamiques ou l’hôtel seul, on remarque un léger mieux avec l’arrivée de nouvelles compagnies aériennes comme Syphax Airlines, ou celle attendue de Nouvelair ; l’offre aérienne sur la Tunisie et sur Djerba se trouve enrichie avec des prix intéressants.
Pour revenir à Odegam, ce qu’on vendait bien en hiver et en moyenne saison, c’était les circuits. Aujourd’hui, on ne peut plus vendre de circuits notamment dans le Sud qui reste signalé comme zone à risque par le ministère français des Affaires étrangères. On ne vend plus de golf non plus puisqu’il y a un problème d’entretien des parcours. Il nous reste le balnéaire et un peu la thalasso. Concernant l’image de la destination, elle est catastrophique, et il faut quand même dire qu’on a fait ces derniers temps et pendant des semaines de la mauvaise communication qui desservait la destination.
Pour sauver la saison, pourquoi ne pas envisager un soutien aux TO tunisiens, soit pour l’aérien soit pour les brochures comme cela se faisait avant ?


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Férid Fetni, 
Syphax Airlines (Directeur France)
On croyait que le marché français était acquis à notre destination et on constate aujourd’hui que nous sommes en train de le perdre suite aux évènements malheureux survenus chez nous depuis deux ans. Avec la chute du marché français, c’est tout le tourisme tunisien qui souffre aujourd’hui car ce marché était aussi le plus important pour l’hiver, pour le segment MICE, pour la thalassothérapie et pour le Sud. De plus, notre crise intervient à un moment où les TO français sont en pleine restructuration et passent par des difficultés. Je voudrais saluer à ce propos les TO tunisiens qui résistent encore malgré cette mauvaise conjoncture.

Concernant les solutions de reprise, je ne suis pas d’accord avec ceux qui préconisent l’annulation de la communication classique, car la nature a horreur du vide et les absents du marché des médias auront toujours tort et ne feront que renforcer leurs concurrents. En revanche, je suis entièrement d’accord pour dire non au saupoudrage et qu’il nous faudrait une communication forte à travers des évènements d’envergure. En second lieu, on a besoin d’un lobbying fort à tous les niveaux pour redresser l’image du pays.
En dernier lieu, je dirais que la solution viendra aussi de la flexibilité de l’aérien. Et c’est là que notre compagnie Syphax Airlines a un rôle à jouer en apportant une capacité supplémentaire et une complémentarité avec Tunisair. Aujourd’hui, nous disposons d’une capacité de 2500 sièges par semaine en régulier avec un vol quotidien sur Tunis, 4 vols par semaine pour Sfax, 3 vols pour Djerba. Et à partir du mois de juin, nous ouvrons un vol sur Monastir. Contrairement à certains avis, je pense que le marché français peut réagir rapidement si la situation en Tunisie se stabilise et se clarifie car tous les TO s’accordent sur le fait que la Tunisie reste difficilement remplaçable en été. C’est là que le rôle des compagnies aériennes est important, en offrant la capacité et la flexibilité demandées par le marché ; et c’est là l’apport de notre compagnie.

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Néji Ben Othman, 
ONTT (Directeur France)
Je suis certes d’accord avec les analyses précédentes, notamment sur l’importance de la stabilité et de la sécurité en Tunisie pour une reprise du tourisme. En même temps, je voudrais souligner l’effet de la restructuration et des difficultés financières que vivent les grands tour-operators en France. Cette restructuration touche tous les TO et les oblige à diminuer leurs risques et à réviser leurs politiques. Ainsi, pour cette année, Fram baisse ses capacités aériennes de 23%, Transat Look de 15%, Thomas Cook entre 5% et 10%, TUI de 21% pour le moyen-courrier.


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Slaheddine Blidi, 
Tunisair (Directeur Général France)
Je constate que nous sommes actuellement en train de subir et il serait temps que nos décideurs réagissent en se déplaçant sur nos marchés pour s’exprimer dans les grands médias ; je ne crois pas à l’efficacité de la publicité classique. D’autre part, il faudrait plus de sévérité dans l’application de la loi pour diminuer les débordements qu’on a vécus jusqu’ici ; même si ces comportement sont liés à la période transitoire que nous vivons, et on peut supposer qu’ils cesseront dès l’avènement d’un gouvernement non transitoire. Il faudrait aussi que notre gouvernement se prononce sur le fait de savoir si le tourisme est un secteur stratégique pour notre économie. Ce secteur a bénéficié depuis un demi-siècle d’investissements et d’efforts qu’on ne peut gaspiller aujourd’hui.

A Tunisair, nous avons été affectés par la baisse du tourisme, notamment pour l’activité charter. En même temps, nous avons un problème d’indisponibilité de la flotte qui nous empêche de capter toutes les opportunités qui se présentent à nous. Cependant, nous avons suffisamment de métier et d’implantation régionale en France pour réagir à une reprise éventuelle de la demande.


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Mourad Majoul, 
Avico courtier aérien (Président)
Que peut-on faire à court terme ? La seule chose dont on est sûrs, c’est qu’on dispose encore d’un fond de sympathie chez les Français. Faut-il y faire appel maintenant ou bien attendre les élections ? je n’en sais rien. La Tunisie est en train de payer sa proximité avec la France, le moindre incident en Tunisie est repris dans la presse française. Les journalistes s’intéressent à la Tunisie et répercutent les informations qui leur parviennent. Aussi faut-il déjà commencer par donner de l’information positive qui pourrait rivaliser avec celle qui l’est moins. Pourquoi, par exemple, Tunisair ne se doterait-elle pas d’un attaché de presse qui alimenterait régulièrement la presse sur la vie de la compagnie ? Pourquoi aussi ne pas créer l’information en lançant, par exemple, une charte qualité qui serait signée par tous les intervenants du secteur pour être ensuite médiatisée ? Un projet qui deviendrait un sujet pour la presse, et rendrait service aux prestataires en leur évitant les petites anomalies qu’on commence à voir dans certaines prestations.

René Trabelsi, Royal First Travel
La question à laquelle cette table ronde ne peut pas répondre est de savoir si le tourisme figure parmi les priorités du gouvernement tunisien. Moi, je pense qu’on veut laisser le tourisme vivoter sans trop s’en occuper. Il fut un temps où un hôtel qui fermait provoquait le déplacement du Ministre pour empêcher une telle issue. Aujourd’hui, je me demande si la fermeture d’un hôtel suscite autre chose que le soulagement ou l’indifférence.

Pour revenir à notre sujet, je parlais hier avec quelques TO français du trafic vers la Tunisie, et la réponse quasi unanime que j’ai eue de leur part consistait à dire : « On reviendra quand ça reviendra ». Autant vous dire qu’ils ne sont pas près de reprendre des risques sur la destination. D’ailleurs, le peu de risque aérien qu’ils prennent, ils le font avec des compagnies françaises après avoir annulé leurs programmes sur les compagnies tunisiennes. Si nous, Tunisiens, continuons à faire appel à Tunisair, il n’empêche que nous constatons qu’elle est plus chère que les compagnies françaises de 20 à 30 euros en moyenne. Je pense qu’il est impératif aujourd’hui de soutenir le TO tunisien car il est le seul à mettre la capacité aérienne qu’il faut à tout moment, comme ce fut le cas l’été dernier.
La Tunisie n’est plus vendue par les agences de voyages, les mots Tunisie et Tunis sont rédhibitoires. On a vendu récemment un forfait pour Hammamet, et quand le client a vu sur son billet d’avion Paris-Tunis, il a voulu annuler son voyage car il ne voulait absolument pas passer par Tunis ; on a dû le faire transiter par Monastir. Donc aujourd’hui, on ne vend que les destinations régionales – Djerba, Hammamet ou autres – et non pas la Tunisie.
Pour remédier à cette situation, il faut opter pour de grands évènements sur place et en France, comme le projet de soirée à l’Olympia que nous essayons de soutenir en ce moment avec une agence événementielle pour le mois de juin. Des stars du show biz comme Michel Boujenah et Guy Bedos sont disposées à y participer, à condition que ça n’ait aucune connotation ou lien politique.
Enfin, j’ai une supplique : il faut faire taire les gens dont les déclarations ont fait beaucoup de tort au pays et à son tourisme, comme le monsieur qui a parlé d’excision…

Propos recueillis par Lotfi Mansour