ITB, le salon de la relance ?

Les Tunisiens ont voulu marquer leur présence au salon ITB Berlin, du 6 au 10 mars ; plus de 120 personnes avaient fait le déplacement pour l’événement. Dès l’ouverture, les journalistes étaient conviés à une conférence de presse donnée par Habib Ammar, dg de l’ONTT, et les représentants des fédérations professionnelles. L’ambiance était bien différente de celle enregistrée en France fin janvier : quasiment aucune question sur la situation politique, et des journalistes plutôt bienveillants s’intéressant au produit touristique tunisien. Dans son ensemble, la presse allemande s’est très peu fait l’écho des derniers soubresauts, et les voyages de presse récents ont débouché sur des articles positifs : même s’ils ont remarqué des dysfonctionnements (grève, décharges sauvages…), les journalistes n’ont pas jugé utile d’en faire état. D’autres voyages de presse sont programmés dans les semaines qui viennent sur les thèmes désert et MICE.

D’où le relatif optimisme des participants venus dans l’espoir de sauver la saison. Tunisair, Nouvelair, Laico/Ledger Hotels, El Mouradi et Thalassa disposaient de leurs propres stands autour du stand de 500 m2 de l’ONTT. Le numéro spécial en allemand de notre magazine ainsi que Tunisie Thalasso en allemand y ont été largement diffusés.

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Voyamar garde espoir

Rencontré le 10 mars, Laurent Abitbol, président de Voyamar, affichait un optimisme mesuré en tablant pour cette saison sur  le scénario de 2012 où la demande ne s’est manifestée que tardivement. « Depuis 4 jours, les réservations reprennent à un rythme de 120  réservations par jour après avoir été nulles en février » déclare-t-il,  à comparer avec  les  500 réservations par jour enregistrées en décembre-janvier.

Le TO lance, grâce à son partenariat avec Tunisair, un nouveau vol depuis les aéroports de Lorient et Angers vers la Tunisie qui sera desservie chaque vendredi  du 19 avril au 2 novembre 2013.

 




Ettounsi nous livre une nouvelle version de son tableau حكاية ثورة «Histoire de la taurelle»…

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Le 8 février, au cimetière du Jellaz, on y a cru un peu quand une voix s’est élevée parmi les manifestants, criant : « Ghannouchi s’est enfui ! ». Un écho aux informations relatives à un voyage du chef d’Ennahda en Angleterre, juste au lendemain de l’assassinat de Chokri Belaïd. C’est peut-être en réponse à cette rumeur que Ghannouchi a cru bon de déclarer : « Je ne suis pas Ben Ali et Belaïd n’est pas Bouazizi ». On ne peut qu’être d’accord avec lui, au moins en ce qui concerne Chokri Belaïd qui était bien plus qu’un “héros accidentel” ; il était un “héros avec préméditation”. Sa mort nous a permis de revivre, même si c’est seulement le temps d’un enterrement.

C’est grâce à cet enterrement qu’Ettounsi est de retour. Il est content et a repris du poil de la bête. Tout comme il a repris ses activités artistiques pour poursuivre sa série « Histoire de la taurelle » حكاية ثورة inaugurée au mois de juillet dans notre numéro 7…

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Reports en série

L’assemblée élective de la Fédération tunisienne de l’hôtellerie, prévue pour le 28 février, a été reportée pour la fin du mois de mars.
De même pour les Assises du Tourisme, initialement prévues le 19 février. La campagne de communication de crise sur le marché français, sur le principe de laquelle l’ONTT et les fédérations professionnelles s’étaient entendues le mois dernier, a également été reportée.




Des Miss et des Mister

Du 18 au 22 mars se tiendront à Djerba les finales de Miss et Mister Carthage 2013. Une manifestation parrainée par le Comité Miss France et qui accueillera une vingtaine de finalistes (10 filles et 10 garçons). L’événement comportera plusieurs soirées, dont une sous tente au Radisson Djerba, et la soirée de clôture au Grand Casino.




FRH Tabarka

La Fédération régionale de l’hôtellerie de la région Nord-Ouest a élu le 19 février son nouveau comité directeur composé de 9 hôteliers. Nabil Ben Abdallah en est le président, Ahmed Ben Khlifa, Foued Daghfous et Mansour Khmiri les trois vice-présidents, et enfin, Moncef Khmiri le secrétaire général. Belgacem Ouchtati, président de la chambre de l’animation touristique de l’UTICA pour Jendouba, est désigné conseiller auprès du comité directeur de la FRH.




Golf Soukra : c’est reparti

Repris en location par le groupe Chabchoub, et après deux mois de travaux, le plus ancien golf de Tunisie accueille de nouveaux les golfeurs de la région, y compris ses nombreux adhérents qui l’avaient déserté ces derniers mois. Le golf compte aussi élargir son offre à une clientèle touristique en proposant des packages culturels combinant golf et visite des sites de Carthage et Sidi Bou Saïd.




Contrats de destination

Les régions de Kasserine, Le Kef et Kairouan ont été sélectionnées comme sites naturels et culturels prioritaires dans le cadre des nouveaux “contrats de destination” qui seront élaborés avec Atout France.




René ne sera pas Ministre, il est désormais roi




Pierre Puchot et le « fascisme islamique »

Monsieur Puchot,
Lorsque, sur l’antenne d’Ettounsia, au lendemain de l’assassinat de Chokri Belaïd, on vous a demandé votre avis sur les propos récents du ministre français de l’Intérieur, vous avez récusé fermement l’expression de « fascisme islamique ». Vous dites ne pas comprendre qu’on puisse accoler les mots “fascisme” et “islam” ; vous trouvez l’expression absurde, dénuée de sens.
Manuel Valls ne doit pas connaître grand-chose à l’islam, supposez-vous, et peut-être même ne sait-il pas ce que contient la sourate de la Vache. Beaucoup de Français, dites-vous, refuseraient de parler de « fascisme islamique » et ont été surpris par les événements récents ; vous avouez vous-même avoir du mal à les comprendre. On imagine en effet qu’à la rédaction de Mediapart, qui a soutenu avec ferveur Moncef Marzouki et le CPR, on doit avoir du mal à comprendre ce qui se passe aujourd’hui en Tunisie.
Faites-vous partie de ces Français naïfs qui attendent des mouvements islamistes l’avènement d’un modèle politique nouveau, plus exotique que leur vieille démocratie ? De ceux que Maurice Szafran, dans Marianne*, a appelés « quelques tiers-mondistes et néocommunistes, attardés mais influents, convaincus dans leur délire idéologique que l’islamisme et les islamistes sont les nouveaux fervents de la révolution et qu’une alliance avec eux est non seulement inéluctable, mais souhaitable » ? Beaucoup de Tunisiens aussi ont été naïfs ; ils ont voté Ennahda en croyant voter pour l’islam, c’est-à-dire pour le bien. Ils se retrouvent avec des mouvements qui restreignent leur liberté en se réclamant de l’islam. Alors que, comme le dit Mohamed Talbi (connaissez-vous Mohamed Talbi, Monsieur Puchot ?), l’islam c’est la liberté.
Quoi qu’on puisse penser de Manuel Valls, et qu’il ait lu ou non la sourate de la Vache, ce qu’il connaît sûrement, de par ses origines, c’est le fascisme. Dans le pays que son père artiste peintre a quitté, les miliciens phalangistes, version espagnole des fascistes italiens, s’identifiaient aux guerriers de la Grèce antique et faisaient le coup de poing contre les militants de gauche. Ils ont été intégrés au régime de Franco, une dictature d’obédience religieuse qui justifiait la violence contre les républicains “mécréants” par d’autres mythes guerriers : la glorification des Croisades et de la Reconquista (la victoire des chrétiens sur les musulmans d’Espagne). Ce régime ne craignait pas, lui, d’associer fascisme et christianisme.
Nos fascistes modernes se réfèrent eux aussi à un passé guerrier glorifié, celui des compagnons du Prophète ; moyen commode de justifier la violence envers les adversaires identifiés à la tribu des Qoreich. Rien de nouveau sous le soleil. Une des clés du succès du nazisme dans les années 1920, c’est l’hostilité aux idées républicaines et démocratiques qui étaient encore perçues comme une importation de principes “non allemands”. Le nazisme et le fascisme ont toujours joué sur les deux tableaux, la légalité et la violence, avec le développement de milices officielles ou non. Après la crise de 1929, les effectifs de la milice SA ont explosé : à de nombreux Allemands déboussolés et jetés dans la misère, elle offrait une activité virile, un chef, une place dans la société et une explication des malheurs qui les frappaient par la désignation d’un bouc émissaire. On rappelle souvent à propos du nazisme cette phrase de Nietszche : « Le fanatisme est la seule forme de volonté qui puisse être insufflée aux faibles et aux timides »…
Alors, défendre les islamistes sous prétexte de défendre l’islam, c’est un peu court. Comme le dit si bien Olfa Youssef (connaissez-vous Olfa Youssef, Monsieur Puchot ?), confondre les musulmans et les islamistes, c’est comme confondre les juifs et les sionistes. Et, comme dit encore Olfa Youssef, les islamistes prétendent privatiser l’islam à leur profit, alors que l’islam est un bien public.
Les Tunisiens présents par centaines de milliers à l’enterrement de Chokri Belaïd, les Tunisiens qui ont dit la Fatiha sur sa tombe, qui ont crié qu’il était aimé de Dieu, alors que des extrémistes lui déniaient le droit d’être enterré parmi les musulmans, l’ont bien compris. Ils ont compris que l’islam leur appartient, à eux, et non à ceux qui le privatisent pour en tirer des bénéfices. Et ils savent désormais qu’il existe bel et bien un fascisme sous couvert de l’islam.

Guillemette Mansour

* Marianne du 16 au 22 février 2013