Le prix à payer
Quels que soient les interprétations et les points de vue, le tourisme tunisien est sinistré et continuera à l’être pour quelque temps. Au-delà des problèmes conjoncturels, cette crise qui dure depuis presque trois années approfondira les maux du secteur : accentuation de la saisonnalité, concentration encore plus forte de la demande sur les zones côtières, ancrage de la destination dans les segments “premier prix” et “all inclusive” – avec tous les problèmes que nous commençons à avoir avec une clientèle non habituée aux séjours en hôtel, et les réclamations qui s’ensuivent.
Le Sud et Tabarka vivent un véritable drame. Le dossier des hôtels endettés attendra encore “un climat politique propice” qui ne viendra pas de sitôt – à moins que le gouvernement ne décide de passer en force (ou en catimini) pour mieux plaire au FMI.
Notre secteur paie son tribut pour une erreur collective que nous avons tous permise : l’arrivée au pouvoir d’une gent idéologiquement étrangère à la Tunisie, et techniquement inapte à diriger un pays.
La nouveauté, depuis le 25 juillet, est l’espoir qui renaît de voir les Tunisiens se ressaisir et reprendre en main leur destin. Les trois grandes manifestations au Bardo sont à l’honneur des Tunisiens ; le rôle joué par l’UGTT et l’UTICA pour obliger les partis au dialogue est à l’honneur de ces deux institutions.
Perdre une ou deux saisons touristiques ? La belle affaire, si c’est le prix à payer pour retrouver un pays !
Lotfi Mansour