Le Mahdia Palace ne sera plus un Golden Tulip
L’hôtel Mahdia Palace devrait mettre fin à sa collaboration avec la chaîne Golden Tulip et cesser d’en porter l’enseigne.
L’hôtel Mahdia Palace devrait mettre fin à sa collaboration avec la chaîne Golden Tulip et cesser d’en porter l’enseigne.
Le nouveau Radisson Blu de Hammamet est fin prêt pour son ouverture, prévue le 15 juillet. Sa grande terrasse de piscine face à la mer et son choix de restaurants feront de lui une destination privilégiée pour des hôtes tunisiens et étrangers.
Le 19 juin se réunissaient à Hammamet les onze directeurs d’hôtels Laico et Ledger venus de neuf pays africains. Le staff de Laico Hotels & Resorts Management, qui gère ces hôtels appartenant à Lafico (Libyan Foreign Investment Compagny), a présenté le nouveau plan de développement de la société. A cette occasion, nous avons rencontré Jamel Khubbiz, depuis un an Directeur Général de Laico Management, qui dévoile les nouvelles ambitions de sa société.
Où en est Laico Hotels ?
Jamel Khubbiz
Laico se porte bien malgré les deux ans de ralentissement que nous avons subis, comme d’autres sociétés, suite aux évènements politiques dans la région. Aujourd’hui, cinq ans après sa création et après s’être fait une place et un nom sur le marché, Laico s’apprête à prendre un nouveau départ. La nouvelle phase que nous débutons sera marquée par le développement de notre parc hôtelier en gestion, aussi bien en Europe et en Afrique qu’en Tunisie – où nous finalisons un accord pour la gestion de l’hôtel Jektis à Djerba qui est actuellement en phase de rénovation. Au Maroc aussi, nous négocions un partenariat avec un hôtel. Plus globalement, le développement de Laico Management se fera notamment à travers la gestion des hôtels, nombreux dans le monde, appartenant à l’Etat libyen. C’est dans cette perspective que notre société met en place un nouveau plan de développement en s’appuyant sur un grand cabinet international.
La question que tous se posent concerne la date d’ouverture de l’ex-Abou Nawas Tunis. Quand l’hôtel ouvrira-t-il ses portes ?
J. Khubbiz
Ce qui est certain, c’est qu’il sera ouvert début 2014.
Ouvrira-t-il sous l’enseigne Laico ?
J. Khubbiz
Oui, très probablement. L’hypothèse qu’il pourrait porter l’enseigne d’une autre chaîne hôtelière n’est plus à l’ordre du jour, pour la simple raison que le redéploiement de notre société de gestion et la notoriété de notre marque nous incitent à faire de ce joyau de l’hôtellerie à Tunis une vitrine de notre savoir-faire.
La réunion des directeurs d’hôtels Laico et Ledger, le 19 juin au Laico Hammamet.
Ce 2 juin, main dans la main sur une longueur de 7 kilomètres depuis la Marina jusqu’à la zone touristique, habitants et visiteurs de Djerba ont formé une chaîne humaine à l’appel de l’association Djerba Ulysse. La journée événement “Djerba Terre de Paix et de Tolérance” a été un succès et les Djerbiens, de toutes les générations et de toutes les couleurs, ont répondu présent, fiers de faire la démonstration que leur tradition d’accueil est plus que jamais vivante (voir plus bas et en diaporama).
C’est qu’à Djerba, le droit à la différence n’est pas un slogan mais une réalité vécue depuis les temps les plus anciens. Sur cette île en retrait du reste de la Tunisie, loin des capitales mais en contact depuis toujours avec le pourtour de la Méditerranée, des communautés malmenées ailleurs ont pu survivre et se côtoyer sans heurts, et préserver dans la sérénité leurs coutumes les plus anciennes.
C’est ainsi que les ibadites ont subsisté ici, alors que presque partout ailleurs au Maghreb ils ont disparu. Et pourtant l’ibadisme a été le rite le plus populaire parmi les Berbères à l’avènement de l’islam : c’est souvent sous son étendard qu’ils se sont révoltés contre le pouvoir des gouverneurs et des émirs. Avant même l’Etat aghlabide, un Etat ibadite était fondé à Tahert (près de Tiaret, en Algérie). Les ibadites prêchaient une société égalitaire, où le pouvoir était confié à un “imam” élu qui vivait simplement et restait étroitement surveillé par la communauté. Ils appartenaient au mouvement des kharijites (qui ont refusé aussi bien le pouvoir des Omeyyades, accepté par les sunnites, que celui des descendants d’Ali, réclamé par les chiites). A Djerba, la préservation du culte ibadite va de pair avec celle de la langue et de la culture berbère.
Minorité emblématique de la tolérante Djerba, la communauté juive a elle aussi préservé des traditions remontant aux temps les plus anciens. Du temps où existaient sur l’île deux villages exclusivement peuplés de juifs – Hara Kebira et Hara Seghira, aujourd’hui Essouani et Erriadh –, ceux-ci étaient entourés d’une frontière symbolique, matérialisée par un fil tendu, à l’intérieur de laquelle on vivait intégralement sous le règne de la loi juive. A Hara Seghira, surtout, puisqu’on dit que ses habitants descendaient de prêtres enfuis de Jérusalem au VIe siècle avant J.-C. Cette communauté juive a élaboré ses propres règles religieuses et imprimait, au début du XXe siècle, des centaines d’ouvrages et même des journaux en hébreu [Lucette Valensi et Avram L. Udovitch dans “Les Juifs de Djerba”, Simpact éditions, 1999].
Elle demeure aujourd’hui la plus vivace de Tunisie : comme le dit Peretz Trabelsi, responsable du pèlerinage de la Ghriba, les familles restent parce qu’« à Djerba, il y a l’école hébraïque pour les enfants, il y a le lieu de prière et il y a les aliments casher ».
D’autres communautés se sont fait une place sur cette île accueillante. A Djerba convergeaient autrefois de nombreuses caravanes en provenance d’Afrique subsaharienne. Le commerce des esclaves passait aussi par là. Quand l’esclavage a été aboli en Tunisie, en 1846, des Noirs, se retrouvant libres, sont restés. Leurs descendants sont aujourd’hui encore nombreux et soudés. Sans se mêler aux autres communautés, ils participent étroitement à la vie de l’île : musiciens, musiciennes et maquilleuses lors des mariages, tengam qui réveille les jeûneurs pendant les nuits de Ramadan sont généralement des Noirs ; sans oublier le Boussaadia qui passe de maison en maison en agitant ses cymbales.
De nombreux Maltais vivaient autrefois à Djerba. Pêcheurs, maçons ou épiciers, ils logeaient souvent dans des fondouks traditionnels. C’est leur église Saint-Joseph, fondée dès le milieu du XIXe siècle, qui s’élève en plein cœur de Houmt-Souk – dans le quartier des fondouks, justement. Elle a été rouverte au culte catholique en 2006.
Une communauté grecque a existé aussi. Des pêcheurs d’éponges venus des petites îles grecques avaient pris l’habitude de traverser la Méditerranée chaque été pour accomplir une campagne de pêche le long des rivages libyens et tunisiens. Vers la fin du XIXe siècle, certains ont fini par s’installer à Djerba et y construire leur église orthodoxe, Saint-Nicolas, à côté du port de Houmt-Souk.
« Entre 1900 et 1920, la communauté grecque de Djerba était très importante, et pendant les fêtes de la Pâque orthodoxe, plusieurs centaines de Grecs se pressaient dans l’église de Saint-Nicolas (…) Pendant cette semaine pascale, près de trois cents caïques grecs étaient au mouillage devant le port d’Houmt-Souk », raconte l’un d’eux dans son livre de souvenirs [“Djerba, l’île enchantée de mon enfance” par Laris Kindynis, mc-éditions, 2009].
La variété des lieux de culte témoigne de cette culture de la tolérance qui règne depuis toujours à Djerba. Outre ces deux églises, on trouve à Djerba une vingtaine de synagogues – dont plusieurs toujours en activité – et des centaines de petites mosquées où chaque communauté villageoise priait selon son rite, ibadite ou malékite. Aujourd’hui, une nouvelle communauté se forme : celle des résidents européens. Certains achètent des villas, d’autres retapent de vieux menzels ou des maisons des médinas, pour s’y loger ou ouvrir des maisons d’hôtes. Des concerts du Dar Cherif au marché de Noël des Jardins de Toumana, de l’école privée Jean-Jacques Rousseau au blog Madjerba, on s’échange les bonnes adresses, déniche les petits restaurants, encourage les initiatives culturelles, accueille les nouveaux arrivants… C’est tout un réseau qui se crée, profitant de la légendaire hospitalité de Djerba.
Coexister sans se mêler mais en partageant la vie de tous les jours, sans entrer en conflit mais en ayant en commun l’amour de Djerba : c’est ainsi que l’île des Lotophages remplit à chaque époque la promesse d’Homère.
« Depuis la révolution, la communauté n’a pas diminué, sauf de quelques individus qui sont partis faute de travail. Aujourd’hui, nous sommes 1200 personnes, et ce nombre ne diminue pas puisque les départs sont compensés par les naissances. Notre mode de vie et notre cuisine n’ont pas changé.
Avant, les pèlerins venaient à la Ghriba de partout en Tunisie, mais surtout de Tripoli. Les jeunes filles et les jeunes garçons s’y rencontraient, et c’est là que les mariages, les fiançailles étaient annoncés. Après 1967 et la guerre des Six jours, beaucoup de Libyens ont émigré en Italie, et de Tunisiens en France. Seuls les Djerbiens fréquentaient la Ghriba et ça ne pouvait s’appeler un pèlerinage. En 1978, on a organisé un pèlerinage avec une agence de voyages à Paris (Pray Tours) et on a eu quelque 4000 pèlerins qui ont logé à Dar Djerba. En 1979, ça n’a pas bien marché, et en 1982 le nombre a chuté complètement à cause de Sabra et Chattila.
« La Ghriba ne s’est pas relevée depuis puisqu’on a eu aussi Hammam Chott et ses conséquences : en 1986, il y a eu ce policier qui s’est mis à tirer sur tout le monde à la Ghriba. Je me suis enfui et j’ai eu de la chance, puisqu’il a touché la personne qui courrait derrière moi avant de renoncer à me poursuivre. Là aussi, des gens sont partis en Israël. Jusqu’à la Guerre du Golfe : puisque le gouvernement avait décidé de relancer la Ghriba en invitant des personnalités de France, on a pu passer de bonnes années jusqu’en 2002, année où a eu lieu l’attentat. Ce jour-là, j’étais ici en train de boire du thé avec des ouvriers – j’aime bien le thé “arbi” – puis j’ai décidé d’aller faire une course. A mon départ, le gars est venu, on a dû se croiser… Je suis donc deux fois rescapé : la première fois, j’étais quand même ébranlé, j’ai fait une dépression. Mais je n’ai jamais perdu confiance dans mon pays, j’ai toujours confiance en la Tunisie.
« Les gens ont protesté quand j’ai dit que maintenant la situation est meilleure qu’au temps de Ben Ali. Mais c’est vrai qu’il y a des choses qui sont meilleures. Avec Ben Ali, on travaillait et on mangeait, c’est tout ; on ne savait rien de ce qui se passait dans le pays. Il faut dire que Ben Ali a un peu entaché nos relations avec nos compatriotes musulmans en exagérant les mesures de sécurité, par exemple autour de la Ghriba ; cela revenait un peu à nous isoler du reste de la population, et aussi à gâcher la fête. Je sens que maintenant nos relations sont meilleures. Il arrivait avant qu’on profère des insultes à l’encontre des juifs : plus maintenant. Pendant la révolution, j’étais un peu inquiet, mais ce sont des amis musulmans qui ont veillé sur moi et ont monté la garde devant la maison.
J’ai confiance en la Tunisie et je sais que ses femmes et ses hommes ne l’abandonneront jamais. Si on sait dépasser les problèmes actuels, la Tunisie en sortira mieux qu’avant. »
La journée “Djerba Terre de Paix et de Tolérance” a attiré au total 15 000 participants sur les quatre opérations qui se sont succédé, le 2 juin dernier : la “Nage de la Paix” avec la participation de nageurs internationaux comme Nejib Belhedi (recordman de la traversée de la Manche à la nage en 1993), la “Chaîne Humaine”, le “Relais du Pinceau” et le concert “Djerba Welcome”, entièrement gratuit, réunissant de nombreux musiciens dont la violoniste Yasmine Azaïez, qui a attiré à lui seul plus de 7000 personnes.
Pour l’association Djerba Ulysse créée en mars dernier, la première action a été une réussite. L’objectif de célébrer l’amitié et la tolérance a été atteint puisqu’on a vu côte à côte des vacanciers européens et des femmes djerbiennes en habit traditionnel. Au total, l’opération aurait coûté moins de 50 000 DT.
L’association projette de répéter l’événement chaque année. En attendant, elle cherche à relancer les fouilles sur le site de Meninx grâce à des fonds internationaux. « On cherche des gens qui veulent travailler pour le bien de cette île, explique la présidente de l’association, Hela Abichou. Si chaque région est bien travaillée par les gens qui l’aiment, la Tunisie réussira à se développer ».
Autrefois, deux écoles religieuses ibadites se faisaient concurrence à Djerba, les Nakkara et les Wahbiya. Les premiers construisaient un petit escalier à gauche de l’entrée de leurs mosquées, du haut duquel était lancé l’appel à la prière. Les seconds faisaient de même, mais à droite de la porte. Signe de l’heureuse cohabitation des deux rites, la petite mosquée de Sidi Yati près de Guellala a conservé deux escaliers : l’un à gauche de son entrée, et l’autre à droite.
Si, dans l’hôtellerie tunisienne, on n’a pas beaucoup d’argent, il semble qu’on a beaucoup d’idées. Celle à laquelle s’est attaché Karim Métahni, ancien d’Abou Nawas, Safir, Laico et Hilton, avec ses associés libanais consiste à exporter le savoir-faire hôtelier tunisien au Maghreb et en Afrique.
Moins d’un an après le lancement de Vendôme Management, le résultat semble lui donner raison puisque la société dont il est le directeur compte pas moins de quatre hôtels en Algérie, dont un déjà en exploitation à Timimoun, et des projets au Soudan, en Guinée, au Cap Vert…
L’idée de Vendôme est de réunir en une seule entité la gestion et les compétences techniques de construction et de maintenance. Ce qui s’est traduit par la création de Vendôme Management d’une part, et de VTA, Vendôme Technical Assistance, regroupant des architectes et des ingénieurs spécialisés. La société propose ainsi un accompagnement complet des propriétaires depuis la mise à niveau ou la construction de l’hôtel jusqu’à sa gestion.
Une offre qui a d’abord séduit des partenaires algériens, malgré la présence en force des grandes chaînes internationales ces dernières années. Karim Métahni dit ne pas craindre cette concurrence. « Je pense, argumente-t-il, que nous apportons plus d’argent aux propriétaires car nos coûts fixes sont moindres et nos tarifs moins prétentieux. Nous apportons aussi un supplément d’âme aux hôtels sans les excès de la standardisation et de la bureaucratie des grandes chaînes ». Avant de résumer le secret du succès de Vendôme : « Nous essayons de faire gagner de l’argent au propriétaire pour en gagner à notre tour ». Elémentaire, mon cher Watson, est-on tenté de répliquer.
Pour saisir le plus d’opportunités, Vendôme segmente ses hôtels en plusieurs catégories, du Vendôme Palace au Vendôme Village & Club, en passant par le Vendôme Resort & Mountain comme le Ksar Massine à Timimoun. A la direction de ce dernier, Vendôme a mis Sami Abderrahim, un ancien de l’Abou Nawas lui aussi.
Créé en octobre 2012, Vendôme ouvrira officiellement un bureau en Algérie en octobre prochain lors d’une cérémonie à laquelle seront conviés des décideurs algériens dont le Ministre du Tourisme. Celui-ci n’a pas manqué d’inviter le staff de Vendôme aux Assises du Tourisme tenues à Alger récemment.
Et la Tunisie dans tout ça ? Karim Metahni dit ne plus y penser, surtout après un premier échec avec l’hôtel Diar El Barbar à Matmata duquel la société s’est vite retirée.
Karim Metahni
Historiquement, nos entreprises hôtelières ont été créées et se sont développées dans l’ombre des TO. C’est donc naturellement que ces “hôtels sous-traitants” se sont plus occupés de l’exploitation que de la commercialisation. C’est ainsi que la Tunisie a pu compter sur une lignée de directeurs techniques réputés. Les crises successives qu’on a connues depuis la Guerre du Golfe ont certes poussé ces entreprises et l’administration à rechercher des parades à la défection de la demande et à la baisse des marges bénéficiaires. Mais ces réactions aux crises restaient limitées au produit, et n’ont jamais touché au management des hôtels ni à leur commercialisation.
Il en est ainsi de la montée en gamme des hôtels, limitée aux bâtiments et aux équipements. Il en est de même de la construction effrénée de centres de thalassothérapie, piscines couvertes et salles de fitness, du lancement de “nouveaux produits” etc. Un ensemble de choix supposés stratégiques et qui, on le constate aujourd’hui, n’ont pas amélioré la rentabilité des hôtels, ni même assuré la survie de certains. Et ce, pour la simple raison qu’ils étaient quasiment tous inspirés par les TO. Le All inclusive était une autre “belle idée” des TO qui a anéanti le peu de savoir-faire dont disposait notre personnel hôtelier. Encore quelques années et celui-ci oubliera même la notion de service…
Aujourd’hui, la crise que vit le tourisme tunisien est triple. Elle concerne la demande qui fléchit sous l’effet du marasme économique en Europe. Elle concerne notre destination qui fait peur au lieu de faire rêver. Elle concerne enfin les TO, qui voient leur modèle économique remis en cause et se voient obligés de partager leur gâteau avec les OTA et autres spécialistes du e-commerce.
Face à cette triple crise, nous semblons encore creuser ce même sillon – et notre tombe du même coup : “nouveaux produits”, nouveaux modes d’hébergements, et même un “tourisme alternatif” pour lequel nous devrions créer des modes d’hébergement eux aussi “alternatifs”. Comme si on avait besoin de la machine de l’Etat et des crédits de nos banques pour construire des gîtes ruraux. Quid de nos 860 hôtels classés avec leurs 242 000 lits aux trois-quarts vides ? Sur ces 860 hôtels, combien resteront ouverts dans dix ans ?
Face à l’hécatombe actuelle des hôtels du Sud tunisien et de Tabarka, et à celle qui s’annonce parmi les hôtels endettés, que proposent l’administration et le gouvernement, si ce n’est un nouveau code des investissements qui veut instaurer de nouvelles zones prioritaires à l’investissement touristique et donc de futurs “jeunes promoteurs” et de futures hécatombes ?
La vérité est que, à part quelques rares chaînes hôtelières créées ces vingt dernières années, notre hôtellerie est restée très artisanale, constituée à près de 80% d’hôtels indépendants, dont l’écrasante majorité est mal outillée pour affronter le marché.
A l’heure où les TO renoncent à la location d’hôtels, et même à l’allotement ferme de lits d’hôtels et de sièges d’avion, comment nos hôtels indépendants vont-ils se commercialiser ?
A l’heure où la visibilité d’un site marchand sur internet n’est même plus à la portée de nos plus grandes chaînes, quel est le sort promis à ces hôtels à la gestion hésitante et aux moyens inexistants ?
A l’heure où, ailleurs dans le monde, le remplissage des hôtels est confié à des équipes de Revenue managers, combien parmi nos hôtels disposent d’une équipe commerciale digne de ce nom, ou même d’un simple directeur commercial ? En dehors des hôtels de ville, ne sont-ils pas une infime minorité ?
Pour répondre à ces questions que beaucoup ne se posent même pas, on devrait commencer par mettre au rencard nos vieilles boîtes à outils. Pour les hôteliers indépendants, il est temps qu’ils se donnent les moyens des chaînes intégrées en s’unissant, sous une forme ou autre. L’expérience des chaînes volontaires serait à méditer. Des chaînes qui seraient de véritables entités commerciales et non des clubs informels. A défaut, il faudrait que ces hôteliers dissocient la gestion de la propriété, et confient leurs unités à des gestionnaires compétents dont le pays regorge.
A ce stade, l’administration doit, de son côté, cesser de nous rebattre les oreilles avec des discours issus des rapports de la Banque Mondiale, et mettre en place des incitations financières et fiscales qui valorisent notre seul et véritable capital : le savoir-faire de nos cadres. Pourquoi pas un plan d’encouragement à l’internationalisation de nos entreprises touristiques, comme l’a fait l’Espagne il y a quelques années ? Pourquoi pas une “prime à l’union” pour favoriser la naissance de chaînes volontaires ? Pourquoi pas une banque spécialisée dans l’investissement immatériel ?
Lotfi Mansour
Hasdrubal Hammamet, champion de l’hygiène : l’hôtel vient de se voir décerner le prix National CheckSafetyFirst de la société E-Cristal pour l’hygiène et la sécurité. Il a obtenu le meilleur score de tous les hôtels adhérant à ce programme en Tunisie, soit 118 établissements. Ce prix concerne notamment l’hygiène alimentaire (système HACCP) et la propreté des chambres. Il est décerné chaque année sur la base des moyennes obtenues par les hôtels suite à des visites inopinées effectuées par l’équipe de consultants d’E-Cristal. Les Hasdrubal Djerba et Port El Kantaoui se sont vu décerner chacun un prix régional.
La cérémonie de remise des prix s’est déroulée jeudi 27 juin à Hammamet en présence de Raouf Lamouri, PDG de la chaîne Hasdrubal, qui a déclaré qu’il était « important pour l’Hasdrubal d’avoir un avis extérieur sur la qualité et l’hygiène dans ses hôtels » et s’est réjoui que « cet avis et ce prix viennent confirmer les audits internes aux hôtels ».
La société E-Cristal est active depuis 1996 (depuis 1999 en Tunisie) et compte 1500 hôtels adhérant à ses programmes dans 53 pays. Elle propose plusieurs packs de services relatifs notamment à l’hygiène alimentaire et à la sécurité.
Talha Housseini (costume brun), Directeur Général de l’Hasdrubal Hammamet, recevant son prix.
La cérémonie de remise des prix en présence du personnel de l’Hasdrubal Hammamet et de Raouf Lamouri (au pupitre), Alan Zering, Directeur de CheckSafetyFirst, et Dr Chaker Heni, Directeur Tunisie d’E-Cristal.
La Salle de Carthage, l’une des plus emblématiques du Musée National du Bardo, a retrouvé ses statues romaines et sera inaugurée officiellement le 4 juillet en présence de Mehdi Mabrouk, ministre de la Culture, Sylvia Pinel, ministre française de l’Artisanat, du Commerce et du Tourisme, et Jean-Luc Martinez, Président-Directeur du Musée du Louvre.
La Salle de Carthage occupe le “Grand Patio” du Palais du Bardo, construit par Mohamed Bey puis son frère Sadok Bey. Son niveau inférieur abritait depuis 1913 une collection de sculptures provenant de Carthage. A l’occasion de la rénovation du musée, ces statues ont été restaurées grâce à un chantier-école en partenariat avec le musée du Louvre à Paris.
La Salle de Carthage en cours de rénovation.
Si la chaîne Abou Nawas n’existe plus, son esprit est toujours présent, perpétué par les innombrables “ex-Abou Nawas” qui font le tourisme d’aujourd’hui. Exhibé dans les discours ou dans les CV, le nom de l’Abou Nawas fait office de référence quasi académique pour l’hôtellerie en Tunisie. Une grande école qui a vu naître les premiers manuels de procédures, les premiers manuels de formation – que ce soit pour les directeurs d’hôtels ou pour les animateurs –, la première charte graphique et de communication… Une véritable chaîne “à la tunisienne” comme il n’en existe pas jusqu’à aujourd’hui. Pour la mémoire, et un peu par nostalgie, nous sommes allés à la rencontre de quelques-uns de ces “ex” (lire leurs témoignages) et publions quelques photos d’époque.
L’histoire de l’Abou Nawas est celle d’une coopération arabo-arabe – tuniso-koweitienne en l’occurrence – qui a longtemps fait rêver, avant de se fracasser sur le mur de la politique arabe. Une histoire d’amour qui a fini mal, spécialement pour son plus illustre PDG, Ahmed Al Ibrahim, qui a subi l’expulsion de Tunisie sous la pression des autorités koweitiennes.
Tout commence le 20 octobre 1976. Le Consortium Tuniso-Koweitien de Développement (CTKD) est alors créé avec un capital à majorité koweitienne. Dans la foulée, le CTKD crée l’agence Abou Nawas Travel et la Société Abou Nawas de Gestion Touristique (SOGES), du nom du premier hôtel acquis, l’Abou Nawas Gammarth.
Sous la férule d’Ahmed Al Ibrahim entouré d’Abdelwaheb Soua à l’exploitation, Faouzia Belajouza aux finances et Raouf Ben Amor à l’animation et la communication – et bien d’autres grosses pointures comme Arbi Belkhadi aux Achats, Mokhtar Abid à la Direction Technique, ou Annick Mahjoub au Marketing – la SOGES s’est retrouvée au fil des investissements et des partenariats avec vingt hôtels (voir ci-dessous). Quelques-uns figurent encore aujourd’hui parmi les meilleures unités du pays, même s’ils portent désormais d’autres enseignes.
L’épopée n’a pas survécu à la Guerre du Golfe. En effet, pour punir l’Etat tunisien de sa position jugée pro-irakienne, l’Etat du Koweit a décrété l’arrêt des investissements en Tunisie. Un ordre qui n’était pas du goût d’Ahmed Al Ibrahim, Koweitien marié à une Tunisienne et Tunisien de cœur, qui est allé jusqu’à s’associer avec des investisseurs saoudiens pour mener à son terme le projet de l’hôtel Le Palace à Gammarth. Un geste qui lui a valu d’être arrêté et expulsé de Tunisie. Ce départ sonnait le glas de la chaîne Abou Nawas, les successeurs d’Ahmed Al Ibrahim, comme Motlak Essanaie, ne pouvant empêcher l’inéluctable fin.
Que reste-t-il de l’Abou Nawas ?
Mais si la chaîne fait désormais partie de l’histoire du tourisme tunisien, son esprit est toujours présent à travers ses ex-cadres. En effet, ces derniers sont partout : à la tête de société de gestion hôtelière, directeurs d’hôtels, directeurs financiers, marketing ou des ressources humaines, cuisiniers ou même jardiniers. On les reconnaît d’abord à leur tenue. Tous, ou presque, sont toujours tirés à quatre épingles, un peu guindés comme s’ils portaient un uniforme. Ils parlent souvent de procédures, et confessent volontiers que « ça devrait fonctionner autrement ». Ces “ex-Abou Nawas” qui font aujourd’hui le bonheur des hôtels tunisiens restent liés par leur ancienne appartenance. Ils agissent parfois comme un réseau informel qui a ses codes et ses solidarités, y compris parmi les plus jeunes. Si un bilan de l’expérience Abou Nawas devait être établi, cet “esprit d’appartenance” figurerait certainement à son actif.
Ils sont assurément de bons témoins pour donner un aperçu de ce qu’ont été le lancement et le développement de la chaîne Abou Nawas. Raouf Ben Amor a été responsable de l’animation puis Directeur de la Communication au sein du CTKD (il est actuellement consultant en évènementiel culturel), et Hédi Métahni et Talha Housseini détiennent le record de longévité comme directeurs généraux à l’Abou Nawas.
Racontez-nous vos débuts à l’Abou Nawas…
Hédi Métahni
J’ai débuté en 1983, à 26 ans, comme chef Réception à la Résidence Diar El Andalous qui est devenue ensuite Abou Nawas Alhambra. En 1985, je suis nommé directeur d’hébergement à Abou Nawas Hammamet ouvert en mai, et en septembre Abdelwaheb Soua me donne mon titre de DGA. En 1988, je deviens directeur résident à Monastir. Ensuite j’ai occupé le poste de Directeur Général dans divers hôtels dont j’ai finalement cumulé la direction comme le Mechtel, Le Palace, l’Abou Nawas Tunis.
Que retenez-vous de l’Abou Nawas ?
Pour moi, l’Abou Nawas est le résultat de la rencontre d’une volonté politique avec les grands meneurs d’hommes qu’étaient le trio Ahmed Al Ibrahim, Abdelwaheb Soua et Faouzia Belajouza. Il y a eu aussi l’apport de grands techniciens et directeurs généraux d’hôtels dont feus Rachid Ben Amara et Achour Gara, Talha Housseini, Chadli Jaziri [quelques jours après cette interview, on a appris le décès de Chadli Jaziri, toutes nos condoléances à sa famille et ses amis, ndlr], et bien d’autres comme Annick Mahjoub au marketing… ils étaient tous des références dans leur domaine.
Abdelwaheb Soua est souvent cité comme la référence en matière d’exploitation, à quoi doit-il cette réputation ?
Abdelwaheb Soua était un grand technicien doublé d’une forte personnalité. A titre d’exemple, je me rappelle une anecdote avec feue Wassila Bourguiba, avant l’ouverture de l’Abou Nawas Hammamet. Chadli Jaziri devait y être nommé DG et Soua l’avait envoyé pour cela en stage au Sheraton Dubai. Un jour, Wassila Bourguiba vient visiter l’hôtel où je la reçois en tant que Directeur de l’Hébergement. Elle s’enquiert du nom du DG et je lui réponds qu’il s’agit de Chadli Jaziri. Elle me demande : d’où est-il ? Je réponds : du Sud tunisien. Elle s’exclame alors : « Non, non, on va nommer Nounou ici » en parlant de Noureddine Brahim qui était un de ses proches. Là-dessus, j’appelle Abdelwaheb Soua pour lui dire que j’ai à lui parler. Lorsque je lui raconte l’histoire, il me dit carrément : « Qu’elle aille se faire voir ailleurs ». Et c’est le DG prévu par lui qui a été effectivement nommé. Cette rigueur a quasiment disparu après Abdelwaheb Soua.
Qu’avez-vous appris à l’Abou Nawas ?
J’ai tout appris à l’Abou Nawas et auprès d’Abdelwaheb Soua. Dans l’esprit de ce dernier, il y avait des étapes indispensables pour devenir un directeur d’hôtel : il fallait passer par l’hébergement, puis être DGA etc. Et à chaque étape, il y avait les stages de formation adéquats. Par exemple, un directeur qui s’apprêtait à gérer un club devait passer un stage dans un club similaire à l’étranger. J’ai pu profiter de toutes sortes de stages ; il m’a même envoyé en stage de catering chez Sabena.
Votre meilleur souvenir à l’Abou Nawas ?
J’ai laissé quelques résultats record qui n’ont pas été dépassés à ce jour. Il faut dire que la chaîne Abou Nawas était une expérience unique pour un jeune cadre par l’émulation qui y existait. Même si elle n’offrait pas les meilleurs salaires, il y avait de la considération et la chaîne, par son développement, offrait des perspectives de promotion à ses cadres qui étaient inexistantes ailleurs.
Votre plus mauvais souvenir ?
Mon plus mauvais souvenir, c’est quand il a fallu accompagner les policiers à l’hôtel Le Palace pour en faire sortir Ahmed Al Ibrahim. J’en étais malade, mais je devais exécuter les ordres. Ahmed Al Ibrahim était plus tunisien que les Tunisiens. Ses problèmes ont commencé après la Guerre du Golfe et son expulsion était un problème entre Koweitiens. Son départ annonçait la fin de l’Abou Nawas, même si les PDG qui l’ont suivi n’ont pas démérité ; mais il manquait la volonté politique du côté koweitien.
Comment êtes-vous arrivé au CTKD ?
Raouf Ben Amor
Le PDG d’alors était Abdellatif El Hamad, et Ahmed Al Ibrahim était DGA. Il y avait à ce moment Sami Ben Khlifa (Marketing), Ridha Ben Zakour (Directeur d’exploitation) et Faouzia Belajouza (DAF) ainsi qu’Adel Boussarsar, Vice-président nommé par l’Etat tunisien.
Je suis arrivé au CTKD par hasard, car j’avais été recruté par Lotfi Belhassine pour m’occuper du festival de Tabarka 1978 : « Ne pas bronzer idiot ». Après, Lotfi Belhassine a eu le projet d’ouvrir un bureau du Club Aquarius à Tunis et m’a nommé représentant. Entre-temps, il était devenu conseiller du CTKD et m’a désigné pour assister à des réunions du Consortium.
Lors d’une visite en Tunisie du Ministre des Finances du Koweit et premier conseiller de l’Emir, j’ai été désigné pour l’accompagner ; une mission supposée difficile au vu du rang et de l’importance du Ministre. Je m’en suis, semble-t-il, bien acquitté puisqu’elle m’a valu les éloges publics dudit ministre. C’est ainsi que, quand le CTKD a eu le projet d’ouvrir un bureau au Koweit, j’étais naturellement désigné pour la mission sous prétexte que « j’avais mis le ministre des Finances dans ma poche » ! Je suis donc parti au Koweit pour ouvrir la première agence Abou Nawas Travel, avec la bénédiction de Lotfi Belhassine que j’ai dû quitter.
Quels étaient vos rapports avec Ahmed Al Ibrahim ?
Quand nous nous sommes connus, il était encore DGA. Comme il était fan des arts et des artistes, c’est tout naturellement que nous nous sommes rapprochés l’un de l’autre et que je l’ai introduit dans le milieu du théâtre à Tunis. De cette affinité est né plus tard, en 1986, l’espace El Teatro au complexe El Mechtel. A ce moment-là, la loi imposait de construire une salle de cinéma dans chaque nouveau complexe. Au Mechtel, il y en avait deux que personne n’a voulu louer. J’ai convaincu Ahmed Al Ibrahim, devenu PDG, d’en faire un espace de création et un théâtre. Donc je peux dire que la rencontre d’Ahmed Al Ibrahim a été déterminante dans ma carrière au CTKD ; j’ai quitté celui-ci deux semaines après le départ d’Al Ibrahim.
Justement, parlons de cette carrière. Vous avez été à l’animation et je vous ai connu directeur de la Communication…
J’ai passé environ une dizaine d’années à m’occuper de l’animation. A mon retour du Koweit, feu Abdelwaheb Soua m’a demandé d’établir un manuel pour l’animation. Pour cela, j’ai demandé et obtenu un stage au Méridien de Dakar (grâce à une recommandation de Lydie Trigano, fille du propriétaire du Club Med), où s’expérimentait à ce moment-là un nouveau concept d’animation pour les hôtels de ville. Leur équipe d’animation comptait une cinquantaine de membres et toutes sortes d’activités étaient programmées, à commencer par la pêche à l’aube et jusqu’au concert le soir. Et c’est là que j’ai dû mettre au point un manuel avec des programmes d’animation pour les clubs mais aussi pour les hôtels. Il y avait des sketchs issus du patrimoine culturel tunisien. Les animateurs accomplissaient un stage de six mois au Théâtre National – des stages dirigés par Mohamed Driss – suivi par des cycles de perfectionnement, et bénéficiant du soutien de responsables comme Hédi Métahni et Néjib El Abed. On a fini par un concours national des animateurs qui clôturait l’année. C’était en 1985 et on savait déjà que le soleil et la mer n’étaient plus suffisants pour séduire les clients.
En 1992, au moment où Ahmed Al Ibrahim est allé passer son service militaire, Serge Adda est venu me chercher pour le rejoindre à TV5 où je suis parti comme détaché du CTKD. A son retour, Ahmed Al Ibrahim a exigé que je revienne, et pour cela j’ai demandé le poste de Directeur de la Communication.
Qu’avez-vous retenu de l’Abou Nawas ?
Je retiens une certaine fierté d’avoir participé à une belle aventure humaine. Certains des animateurs que j’ai supervisés sont actuellement des directeurs généraux d’hôtels en Espagne et ailleurs. Fierté aussi quand je me balade dans la rue et que des gens m’interpellent pour me dire : « A quand un nouveau Jazz Club ? » ; ce club que j’avais lancé à Gammarth accueillait les plus grandes stars du jazz. Côté organisationnel, j’appréciais l’existence d’une politique et de budgets dédiés, que ce soit à l’animation ou à la communication.
Entré en 1983 à l’Abou Nawas – en tant directeur résident du Diar El Andalous – Talha Housseini a été un des derniers à en sortir, en 1997, année où il a dû quitter son hôtel préféré, l’Abou Nawas Gammarth. Aujourd’hui Directeur Général de l’Hasdrubal Hammamet, il s’apprête à prendre sa retraite le 31 décembre prochain.
Que retenez-vous de l’Abou Nawas ?
Talha Housseini
La pointure de ses dirigeants comme Abdelwaheb Soua, Ridha Ben Zakkour, Faouzia Belajouza, Ahmed Al Ibrahim. Cette chaîne se distinguait par son sérieux dans la gestion, la qualité de ses services et sa culture d’entreprise qui est à l’image de l’Hasdrubal maintenant. A l’Abou Nawas, on engageait les meilleurs directeurs d’hôtels, qui ensuite se perfectionnaient au sein de la chaîne et amélioraient chaque jour le rendement de leurs unités.
Qu’y avait-il de mauvais au sein de l’Abou Nawas ?
Honnêtement, je ne retiens rien de mauvais jusqu’à l’année 1991 et le début la Guerre du Golfe.
Et votre meilleur souvenir ?
C’est incontestablement mon passage à l’Abou Nawas Gammarth, où j’ai connu beaucoup de gens de tous les domaines. Je trouve dommage que cet hôtel soit maintenant quelque peu dénaturé : la piscine Le Saf-Saf ne s’appelle plus ainsi, les apparthôtels ont été rasés et on parle de la création d’un parking aérien… Je suis peut-être nostalgique, mais je trouve que c’est une partie de l’âme de cet hôtel qui s’en va.
Propos recueillis par Lotfi Mansour
Il fait certainement partie des grands de l’hôtellerie, de ces premiers directeurs formés à l’étranger, et qui ont dû prendre en main la destinée des premiers “grands hôtels” tunisiens pour y introduire les procédés et méthodes appris ailleurs. Achour Gara est décédé au début des années 2000, au sommet d’une carrière bien remplie que sa femme, aujourd’hui professeur d’économie à Nabeul, a bien voulu retracer pour nous.
Après des études de tourisme à Strasbourg dans les années 60, Achour Gara débute sa carrière à Londres dans un hôtel indépendant. Puis il est recruté au début des années 70 par Sheraton qui le nomme en Belgique avant de l’envoyer en Amérique Latine. Au début des années 80, il est nommé Directeur Général à l’Abou Nawas Diar El Andalous, avant d’être recruté par la chaîne Intercontinental pour diriger un hôtel en Arabie Saoudite. Revenu en Tunisie quelques années plus tard, il réintègre la chaîne Abou Nawas, au Mechtel d’abord, à Hammamet ensuite. C’est en 1994 qu’il prend en main l’Abou Nawas Tunis, hôtel qu’il a marqué de son empreinte avant de commencer sa lutte contre la maladie. Il finira sa carrière et sa vie à l’Abou Nawas Africana de Hammamet.
Fut-il un hôtelier heureux ? « Oui, notamment par les éloges qui lui parvenaient sur la bonne marche des hôtels qu’il dirigeait comme Tunis ou Hammamet », répond sa femme. Toutefois, elle ajoute qu’il a été déçu par le traitement que sa chaîne lui a réservé à la fin. Mais il est vrai qu’à ce moment-là, la chaîne n’était déjà plus que l’ombre de ce qu’elle fut.