« Tunisair est une entreprise gâtée. » Ainsi parlait le Ministre d’Etat chargé du Transport. En arabe comme en français, cela veut dire qu’elle est choyée à l’excès.
Et là on s’aperçoit de la dose d’humour (noir ?) de ce membre du gouvernement, et donc représentant du principal actionnaire de Tunisair, l’Etat…
Un Etat qui lui refuse depuis des années (bien avant 2011) un plan de restructuration. Un Etat qui lui a imposé le recrutement de quelques milliers de salariés après 2011, tout en paralysant ses structures avec l’affaire dite “de l’emploi fictif”… “emploi fictif” qui a permis à un certain Harouni, alors Ministre du Transport, de jouer au Monsieur Propre en jetant les hauts cadres de Tunisair qui en prison, qui devant les juges.
Aujourd’hui, Monsieur Propre a changé de nom mais pas de méthode : saper le moral des cadres de notre compagnie nationale pour mieux les remplacer.
C’était déjà le cas avec M. Harouni quand il a rappelé le représentant de Tunisair à Paris sur fond de rumeur de corruption, pour mieux y nommer un certain S.B., aujourd’hui candidat au secrétariat général de Tunisair.
Les mêmes méthodes, donc, pour grignoter le peu de chair qui reste sur une compagnie squelettique. Une compagnie que la crise de Covid19 finira par achever après avoir tant attendu son plan de restructuration.
Le nouveau Monsieur Propre veut, tout en ignorant ce plan de restructuration (selon le SG adjoint de l’UGTT transport), jouer au “cost killer” en fermant des représentations et en jetant en pâture une nouvelle affaire de corruption qui durerait depuis plus de deux ans et que ni son prédécesseur, ni les structures de son ministère ni celles de celui des Finances n’ont pu détecter. N’aurait-il pas mieux fait d’arrêter la véritable hémorragie que cause la non-restructuration de Tunisair ?
Le Petit Larousse nous apprend que le sens premier du verbe “gâter” est : “altérer en pourrissant”. C’est bien ce qu’ont fait les gouvernements successifs avec Tunisair.
Lotfi Mansour