La Tunisie qu’on aime malgré tout

image_pdfimage_print

Répétition générale de la soirée de l’Olympia à Paris prévue pour le 10 juin, le spectacle d’hier soir “Pour la Tunisie qu’on aime” au Théâtre Municipal était animée par un duo d’humoristes que tout oppose. « Notre but est de rassembler tous les Tunisiens et tous les amis de la Tunisie, avec leurs différences », nous avait affirmé Michel Taube, l’initiateur de cette campagne. Il ne croyait pas si bien dire.
On a vu d’un côté Guy Bedos, artiste de l’ironie et du second degré, intellectuel engagé à gauche et qui n’a plus rien à prouver, prêt à donner de sa personne pour un idéal – et pour renouer avec ses racines maghrébines revendiquées. De l’autre, Lotfi Abdelli, jeune et un brin arrogant, « bac moins quatre » comme il l’a dit lui-même, dont l’humour sans nuances en fait un “beauf” bien de chez nous. « En politique, la vitesse la plus importante est la marche arrière », a dit récemment Béji Caïd Essebsi. Lotfi Abdelli, lui, n’a pas de freins. C’est sa marque de fabrique. Un passage de son sketch était consacré à l’habitude des Tunisiens de « pisser partout ». Mais pas pour la dénoncer : son personnage se vante même d’écrire le nom de sa fiancée en urinant. Aucune trace de second degré là-dedans. Au contraire, Lotfi Abdelli ne peut s’empêcher de franchir un pas de plus dans la grossièreté en ajoutant qu’il écrit également le nom de sa mère.

Ce sketch faisait suite, entre autres, à l’intervention pleine d’émotion d’un Serge Moati évoquant le souvenir de ses propres parents qui s’étaient rencontrés jadis dans ce même théâtre. Il faut de tout pour faire un monde ; il faut de tout aussi pour faire un réseau de Tunisiens et d’amis de la Tunisie. La jeune Samia Orosemane, une des humoristes qui participaient au spectacle, a eu raison de remercier Lotfi Abdelli de l’avoir invitée, tout en soulignant qu’elle ne partageait pas les mêmes idées et le même humour que lui.

GM

Tunisie-quon-aime_1La soirée du 6 mai au Théâtre Municipal. Guy Bedos, que Lotfi Abdelli a lui-même qualifié de « maître ».

Tunisie-quon-aime_2La “bonbonnière” a fait le plein.

Tunisie-quon-aime_3L’assistance debout pour l’hymne national. Lotfi Adbelli et Serge Moati, qui a évoqué le souvenir de ses parents tunisiens.

Tunisie-quon-aime_4Lotfi Abdelli : égal à lui-même. Le jeune Nidhal et son fameux sketch sur “les dangers” du tourisme en Tunisie.