La mise en cause des statistiques officielles, lancée de temps en temps par un professionnel agacé des discours d’autosatisfaction de tel ou tel responsable, semblait pour nous relever du domaine de la rumeur.
Ce mois-ci, nous avons voulu en avoir le cœur net en décortiquant ces statistiques. Le constat est accablant : par habitude, par ignorance ou par incompétence, l’administration gonfle le nombre de “touristes” de quelque deux millions de “visiteurs excursionnistes” ou de simples “voyageurs en transit” en assimilant toutes les entrées aux frontières à des entrées de “touristes” – et ce, en dépit des critères et des définitions internationales adoptés par notre administration et rappelés dans ses publications (lire notre dossier).
Du coup, tous nos ratios, tous nos plans sont faussés, à commencer par le rendement de nos dépenses, l’efficacité de notre promotion.
Au Québec, d’où nous revenons dans le cadre du voyage promotionnel de Syphax Airlines, on parle de “voyageurs avec nuitées”. Et dans les statistiques officielles, on présente séparément les touristes et les excursionnistes, l’addition des deux donnant le total des “visiteurs” comme le stipule l’OMT. De plus, les visiteurs y sont répertoriés selon l’âge, le sexe et surtout la motivation de voyage (agrément, affaires ou visite familiale) ; des informations dont nous ne disposons toujours pas en Tunisie alors qu’elles figurent sur les fiches de police que remplit obligatoirement tout visiteur à son arrivée à l’aéroport.
Au lieu de cela, l’ONTT préfère nous gaver d’ “arrivées aux frontières” qui se transforment dans les discours, et même dans les documents, en “touristes” (voir ci-dessous un extrait du « Tourisme en chiffre 2012 »).
Conclusion : on ne doit pas s’attendre à ce que notre tourisme guérisse de ses maux avec un thermomètre détraqué et un médecin borgne.
Lotfi Mansour