Hier se tenait à Tunis un déjeuner-débat sur la stratégie du tourisme ; un événement louable s’il n’avait été émaillé de quelques “bizarreries”.
D’abord, il n’y a pas eu de débat comme annoncé. Les invités ont été soumis à un exercice d’école de commerce : un brainstorming, avec une durée de 20 minutes au bout de laquelle il fallait livrer le résultat de son remue-méninges. Certains hauts cadres présents se sont sentis humiliés et ont failli quitter la salle ; l’un d’eux dit y avoir renoncé « pour éviter un incident diplomatique ».
Eviter un incident diplomatique, c’était le dernier des soucis de l’ambassadeur d’un pays étranger, la France en l’occurrence, qui faisait partie des invités pour débattre de notre stratégie du tourisme – on se demande à quel titre*. Lequel ambassadeur, fort de ce passe-droit qu’on lui avait octroyé, ne s’est pas privé de critiquer la presse tunisienne qui serait, selon lui, la première responsable de la mauvaise image de la Tunisie en France. Tout cela s’est passé en présence de trois de nos ministres en exercice et d’un représentant de l’ANC, qui plus est la veille d’un 20 Mars.
Mais le pompon a été décroché par Mme Karboul qui a livré un diagnostic lumineux sur l’image de la Tunisie en Europe : « cheap, dirty and boring » (« bas de gamme, sale et ennuyeuse »), a-t-elle eu l’outrecuidance de dire. C’est sans doute pour cela qu’elle n’a invité à cette réunion aucun représentant des hôtels de luxe, de la thalassothérapie ni du secteur MICE, trois secteurs qui nous ont permis d’exister un tant soit peu sur des segments de marché haut de gamme et de relever nos recettes.
LM
* La même question se pose pour le représentant de l’AFD et celui de la Banque Mondiale, présents à ce déjeuner ; même si l’AFD finance la mission du cabinet Deloitte chargée de conduire la mise en place de la Stratégie 2016. Le banquier qui m’octroie un prêt pour construire ma maison ne s’invite pas forcément dans ma cuisine…