Quand le ministère prend Bizerte pour le cap de Bonne Espérance…

Le ministère veut promouvoir le cap Angela près de Bizerte en prenant modèle sur l’Afrique du Sud. Pas très pertinent.

 

Le ministère du Tourisme souhaite faire du cap Angela, à 17 km au sud de la ville de Bizerte, une « destination touristique » (sic), selon un communiqué du ministère. Ce cap représente en effet le point le plus septentrional d’Afrique. Cela devrait suffire, ont pensé certains, à en faire un centre d’intérêt à l’égal du cap des Aiguilles, ou cap Agulhas, en Afrique du Sud, situé à l’extrémité sud du continent. Celui-ci est en effet visité par de nombreux touristes.

C’est oublier que le cap sud-africain représente bien plus qu’une curiosité cartographique. Il est non seulement le point le plus au sud d’Afrique, mais l’endroit où se rencontrent deux grands océans, l’Atlantique et l’océan Indien, occasionnant des courants et des échanges de chaleur qui jouent un rôle dans les équilibres climatiques de la planète. C’est surtout un lieu chargé d’histoire. Comme son voisin le cap de Bonne Espérance, il a représenté pendant des siècles un défi pour les navigateurs européens qui contournaient l’Afrique en direction des Indes. Ce sont d’ailleurs les navigateurs portugais qui lui ont donné son nom en 1550, car ils y ont constaté pour la première fois que le nord magnétique et le nord géographique coïncidaient.
Et puis, pour les Européens, l’Afrique c’est le Sud : aller au “sud du Sud”, c’est tout un symbole. Tandis qu’aller au nord du Sud, c’est juste une mauvaise blague.

Alors le cap Angela est sans doute superbe, mais on voit mal comment il pourrait parler à l’imaginaire comme le fait son homologue sud-africain. Mais l’espérance… pardon, l’espoir, fait vivre.

GM

(Photo : ministère du Tourisme)