A défaut de nous révéler le moyen de sauver le tourisme, Safi Saïd nous révèle son ignorance…
« Secteur de servitude, secteur qui pue, secteur fragile qui ne produit rien »… les insultes contre le tourisme pleuvaient dimanche soir dans l’une de nos TV ! Une véritable boule puante lancée de la bouche du bien-nommé Safi Saïd (le « pur et bienheureux »). Ce tribun n’est pas n’importe qui puisqu’il a récolté 0,8% des suffrages lors de la dernière élection présidentielle, et qu’il sera peut-être notre futur président.
Après nous avoir livré sa solution (estampillée KKK) aux maux de notre douane en affirmant que « les nègres occupent 70% des postes de douaniers en France, car le nègre ne pardonne pas », le voilà qui s’attèle au secteur du tourisme ; ça promet.
Le « bienheureux » a procédé à un étalage de ce que l’animateur de l’émission appelle sa « culture profonde ». Selon cet expert autoproclamé, nos recettes par touriste ne dépasseraient pas les 10$. Malheureusement pour lui, elles étaient en 2015 de quelque 600 dinars (400 $) par touriste, et 216 dinars par nuitée (ou s’il préfère 180 $). Cette recette est sans doute faible quand d’autres destinations font le double ou le triple ; mais 400 $, ce n’est pas 10$.
Il nous affirme plus tard que « notre eau va aux touristes au détriment de notre agriculture », désignant à la vindicte publique le touriste qui « se douche trois fois par jour et nage dans la piscine ». Manifestement, notre grand écrivain est aussi ignare de la question de l’eau en Tunisie que de celle du tourisme. En effet, le tourisme ne consomme que 1% de nos ressources en eau contre 80% pour l’agriculture ! Son projet d’éliminer le tourisme au profit de l’agriculture ne l’avancerait à rien sur cette question de l’eau. En revanche, ce grand connaisseur des affaires maghrébines semble ignorer que l’un de nos problèmes dans ce domaine est la “rivière verte” créée par feu Kadhafi qui « aspire, selon un spécialiste, des millions et des millions de mètres cubes d’eau par jour » de la nappe phréatique commune à nos pays, et peut causer son épuisement (lire “l’eau en Tunisie, une crise occultée”).
Le bienheureux se livre ensuite à une étude comparative des plus édifiantes entre notre destination et quelques autres. « Malte, assène-t-il, réalise des recettes touristiques quatre fois celles de la Tunisie ». Malte, qui est une des plus belles destinations méditerranéennes, n’en demandait peut-être pas tant : elle n’atteint en réalité même pas le niveau des recettes touristiques tunisiennes. En 2014, année record pour Malte, sa recette était de 1,1 millions d’euros contre 3,6 milliards de dinars (soit 1,8 millions d’euros) pour la Tunisie la même année.
Le professeur Saïd ne semble pas avoir révisé ses fiches. Ou peut-être les a-t-il confondues, puisque c’est à Malte que se pose un problème d’infrastructure et d’eau dû à la pression touristique. A Malte, toute l’eau potable provient de la désalinisation de l’eau de mer, toute l’énergie est importée et toute l’infrastructure est surdimensionnée par rapport aux besoins de la population locale pour cause de flux touristique…
Inutile de continuer à énumérer les inepties de ce monsieur pour s’apercevoir qu’il est le genre de politicard décrit par Clémenceau : « Il n’a pas d’idées, mais il les défendrait jusqu’à la mort ».
LM
خوذ العلم من روس الفكارن : ce n’est pas chez une tortue qu’on cherche le savoir, selon un adage tunisien.