En 1964, Habib Bourguiba déclarait qu’un jour viendrait où les hôtels en Tunisie se côtoieraient de Tabarka à Djerba. A ce moment-là, Mokhtar Fakhfakh était PDG de la SHTT, la société étatique chargée de montrer l’exemple aux investisseurs privés en lançant les premiers hôtels du pays.
Aujourd’hui, le fils de Mokhtar Fakhfakh est président de la FTH et nous annonce, sur Elhiwar Ettounsi, qu’un jour viendra où ce sont les hôtels fermés qui se côtoieront de Tabarka à Tozeur (voir l’interview en vidéo).
Entre ces deux dates, le pari de Bourguiba de miser sur le tourisme pour le développement du pays a été largement gagné. Il a même été rejoint dans ce choix par la plupart des pays du monde. La contribution du secteur au PIB mondial est de 10%, plus que la contribution de l’industrie de l’automobile, de l’industrie pétrolière ou de l’agroalimentaire.
Ce qui a changé aussi, c’est que nos gouvernements des dernières années ont commis l’erreur de croire que le tourisme, « ça marche tout seul », et qu’on pourrait bénéficier de ses bienfaits sans y consentir les efforts et l’investissement nécessaires. D’où le coup de gueule de Khaled Fakhfakh qui sonne l’alarme pour éviter un scénario catastrophique qu’il n’est pas seul à prédire. En effet, il rejoint en cela les prévisions d’instances internationales comme le WTTC : celui-ci table sur un recul du tourisme tunisien à l’orée de 2026, à cause justement d’une médiocre croissance de l’investissement dans le secteur qui serait de 1,5% par an, contre une moyenne africaine de 4%.
Dans ces conditions, les hôteliers comprennent mal que le secteur soit écarté du nouveau code des investissements ; et ils prennent encore plus mal la réticence du gouvernement à accepter la défiscalisation des profits investis dans le tourisme de la part d’entreprises d’autres secteurs.
Lotfi Mansour
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